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La fibre optique apporte-t-elle du travail à la campagne ?

Le Washington Post évalue les bénéfices comparés (Do Jobs Follow Broadband Access) de l’arrivée de la fibre optique dans deux localités situées au milieu des champs de tabac de Virginie.

A Lebanon, la fibre optique a provoqué l’installation de deux entreprises et la création de 700 emplois « bien rémunérés ». A Rose Hill, la fibre n’a conduit qu’à l’installation de quelques télétravailleurs.

Les prévisions des effets induits par la fibre divergent. Pour l’Information Technology and Innovation Foundation, l’investissement de 10 milliards de dollars pour le déploiement de la fibre prévu dans programme Obama devraient engendrer 500 000 créations d’emploi.

Pour les détracteurs du projet, comme Robert W. Crandall, de la Brooking institution, les effets du déploiement de la fibre optique ne sont absolument pas certains.

La fibre optique mais pas que

En fait, les deux positions se rejoignent : l’installation de fibre optique n’est dotée d’aucun pouvoir magique pour créer des emplois.

A Lebanon, la fibre s’est accompagnée d’actions des pouvoirs publics et de formations de la population. Notamment grâce à la reconversion d’un vieux bâtiment en centre de formation. Une volonté de faire progresser les habitants qui a séduit au moins l’une des deux entreprises.

A Rose Hill, les habitants sont moins diplômés qu’à Lebanon (29 % de bacheliers contre 71 %). Ce qui fait dire à John Horrigan, ancien directeur du Pew Internet & American Life Project, que l’on a « besoin de salariés bien formés pour pleinement exploiter le potentiel apporté par la fibre optique :

 » Dans l’Amérique rurale, l’habileté et la pertinence restent des obstacles pour une adoption du très haut débit ».

Constat transposable en France : les infrastructures du très haut débit sans formation, sans projets et sans contenu ne serviront à rien et resteront des gadgets hors de prix !

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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13 commentaires

  1. J’aime bien cette notion « d’intensité volontariale » 😉

    En fait, je préfère de la fibre optique pour un territoire à haute intensité entrepreneuriale…

    Usages et infrastructures ne s’opposent pas. Mais ce serait une erreur de croire que les infrastructures seules développeront un territoire.

  2. On en revient toujours au même point, petit projet = petite idée, vous pouvez mettre le débit que vous voulez sur votre projet d’arrosage, si vous n’avez pas semé…
    Alors, nous sommes tous conscient qu’il nous faut de bonne canalisation mais il nous faudrait une vraie volonté Politique entrepreuneriale.
    Je suis désolé, mais nos élus, toute couleur confondues, ne nous méritent pas.
    La THT dans la manche est une honte pour notre santé et l’environnement, Le TER (Très en Retard) est une honte pour les usagers, le THD (très haut débit) est une honte une semaine par mois… PETIT PROJET POUR PETIT NORMAND, pardon Bas-Normand.

    Edouard Romet

  3. « les infrastructures du très haut débit sans formation, sans projets et sans contenu ne serviront à rien et resteront des gadgets hors de prix » : entièrement d’accord. Google est devenu Google SANS Très Haut Débit. Il n’y a pas de FTTH en Silicon Valley, et pourtant cette partie de Californie est l’une des régions les plus créatrices de valeurs au Monde.
    A Pau, le 100Mbit/s est disponible pour tous ou presque depuis 2005, et pourtant la lecture du forum PBC montre que même les jeunes sont en mode passif et non pas pro-actif c’est à dire créatif. Afffaire de culture…

    Vous pouvez également pariciper au fil de discussion entamé ici : http://www.facebook.com/wall.php?id=59237318004

  4. @ Edouard – Il ne faut pas incriminer le THD (très haut débit = 100 Mo = fibre) pour les péchés de l’ADSL rural.

    Quand on pense que France telecom veut user la technologie ADSL jusqu’à la corde et voudrait investir (ou faire financer) des centraux « nouvelle génération – Zone d’ombre » et retarder le passage à la fibre…

    @ Marc – Dans le projet de Pau ils ont juste oublié un paramètre : les habitants 😉

  5. @Xavier: pas (trop) d’accord sur Pau. PBC a été imaginé puis décidé en pleine crise des Telecoms mondiales, juste après l’éclatement de la Bulle Internet. A l’époque, personne dans cette industrie n’aurait misé un cent sur un projet FTTH de l’envergure du Pau Broadband Country.
    Replaçons nous donc dans le contexte, et considèrons PBC pour ce qu’il est depuis sa naissance: une plate-forme expérimentale à l’échelle d’une ville, destinée à tester et éventuellement implémenter les applications et usages du Très Haut Débit. Lorsque le réseau a été ouvert en 2005, le TriplePlay entrait juste au catalogue des opérateurs télécoms, et dans le même temps, pour la première fois en France, IPvSet offrait les premiers services Tout-IP aux abonnés résidentiels du Pau Broadband Country.

  6. Marc, je suis bien d’accord avec toi : replaçons l’initiative de PBC dans le contexte que tu décris.

    Quand je parle du manque de considération pour le facteur « habitants », tu sais bien ce que je veux dire. Tout le monde s’est enthousiasmé pour ce projet très innovant et on a beaucoup parlé de tuyaux et de techniques.

    Beaucoup moins d’usages… Et la mort d’André Labarrère n’a pas arrangé les choses.

    Il faut soigner ce facteur « humain » dans des projets de cette ampleur. Dans l’expérience de Parthenay, c’est un peu le même travers. La surcommunication sur le projet (dans et hors de la ville) et le discours sur les technologies ont conforté les non-utilisateurs dans le sentiment que tout cela n’était pas pour eux.

    Du coup, le projet a entraîné la chute électorale du maire qui, vexé, à même quitté la ville.

    C’est ce que montre aussi l’article du Washington Post ci-dessus : la techno est seulement un élément du problème. Sinon, une partie de la population reste en mode passif comme tu le décris.

  7. Pau était dans une situation stratégique étonnante :

    – géré par feu SAGEM, dont le principal client était … FT ;

    – utilisant du matériel ATRICA, fonctionnant à peine, issu d’une société rachetée par feu SAGEM à … FT ;

    Même si les responsables locaux étaient de très bonne volonté, on ne peut écarter l’hypothèse que le jeu des marchés publics ait permis que les titulaires du marché n’ait pas eu intérêt à ce que le projet soit une totale réussite, plombant ainsi silencieusement l’image du premier réseau FTTH en France, favorisant donc les avertissement discrets de FT aux autres collectivités : il vaut mieux payez « notre » cuivre…

  8. @bonjour : je ne comprends vraiment pas cette idée que le réseau PBC n’ait été ou ne soit encore « une totale réussite ».

    Bon sang, regardez un peu autour de vous, en France et ailleurs en Europe et encore plus loin, aux Etats-Unis par exemple : où donc, à part peut-être dans les Pays Nordiques – dont la culture et la mentalité sont propices à ce genre de réalisation – trouvez-vous un réseau FTTH d’initiative publique de la taille et de l’importance du Pau Broadband Country ?

    SVP ne me répondez pas « au Japon » ou « à Hong Kong » : nous ne parlons pas des mêmes choses.

    Regardez la ville de Palo Alto, coeur intellectuel de la Silicon Valley: incapable depuis bientôt 10 ans de trouver un modèle économique viable permettant le déploiement d’un réseau FTTH. Et pourtant, ce n’est ni l’argent ni la volonté – ni la technologie, of course – qui manquent, là-bas…

    Lafayette, Louisianne ? Restons sérieux et comparons ce qui est comparable: à Lafayette, ce qui comptait à l’ouverture du réseau en début d’année, c’était la disponibilité… de tous les canaux de télévision.

    Alors, oui, PBC a eu du mal à décoller – en terme de pénétration chez les abonnés résidentiels – mais… 10,000 abonnés actifs sur 50,000 prises installées à ce jour (grosso-modo), vous appelez ça un échec ? Dans ce cas, que dire de Gonfreville l’Orcher ?…

    ps: A Pau, Axione a dû faire face aux problèmes techniques posés par les équipements choisis à l’époque de Sagem. Ces problèmes ont été résolu définitivement grâce à la migration vers des équipements Alcatel de dernière génération.

    ps2: si vous êtes de la partie, pourquoi avoir pris un pseudo ?…

  9. @Marc Duchesne : « je ne comprends vraiment pas cette idée que le réseau PBC n’ait été ou ne soit encore “une totale réussite”. »

    0- désolé de provoquer cet énervement.

    1- regardez mieux l’usage des temps et des mots dans la phrase qui vous chagrine, je n’ai rien affirmé 🙂

    2- j’essaye de vous apporter des éléments pour comprendre… vous avez droit à un autre essai 🙂 Les choses ne sont pas toujours ce que l’on croit et ce qui est dit …

    3- mon second « – » explique clairement votre premier ps… On va tout à fait dans le même sens.

    Qui suis-je ? Je pourrais vous le dire quand je le saurais vraiment…

    Peut-être aussi que si ce message arrivait à votre député, qui l’envoyait à un cabinet de ministre, qui le faisait suivre à mon employeur, je perdrais mon poste ?

  10. @Bonjour: je ne pense pas, hélas, que le Pau Broadband Country interesse beaucoup de monde en haut-lieu. Y compris Mme NKM elle-même, qui, cette semaine à l’IDATE, oubliait de citer Pau comme exemple de réseau public très haut débit – elle a cité le médiatique Manche Numérique (mais avec le départ de sa tête pensante, cela va peut-être changer…) ainsi que je ne sais plus quel obscur RIP de la France Profonde – oubliant aussi, au passage, le formidable Sem@for77 du Conseil Général de Seine & Marne, qui ne laisse aucune commune du département à plus de 10-km du backbone THD public…

  11. Vous aviez l’illusion que NTM connaisse quelque chose à la fibre ? changez d’illusion…

    Au fait, savez-vous qui finance l’IDATE ?

    Cet oubli est peut-être le meilleur indice que le réseau fibre de Pau fonctionne 🙂

  12. Comme dit l’autre, le dire, c’est bien, le faire, c’est mieux. Je reviendrai donc ici (et sur mon propre blog, qui dort un peu trop depuis quelques trop longues semaines) sur les différents projets et initiatives en cours sur la Brie Champenoise.
    En particulier à Montmirail, 51, où grâce à une simple question informelle que j’avais posée à un opérateur d’opérateurs, le plus gros employeur industriel de Champagne-Ardenne va pouvoir conserver sa R&D sur place, et la ville expérimenter des services à la personne innovants. Il ne s’agit pas de mettre de la fibre partout et pour tous, il s’agit simplement de répondre concrètement, avec les outils techniques, administratifs, juridiques, existants aux besoins réels et concrets d’un coin de la France Rurale…
    Assez, de crier au déploiement massif du FTTH. Prenons le problème à l’envers, c’est à dire là où il se pose: chez « les gens ». Et appliquons la tactique maintes fois éprouvée du étape-par-étape. Appliquons les méthodes du Web 2.0 au Très Haut Débit: une petite application, diffusée à petite échelle en mode béta, corrigée et affinée avec les utilisateurs, avant déploiement massif à toute la population…

  13. Marc, je suis d’accord pour la stratégie « étape par étape » : ouvrons déjà des points de collecte neutre sur tous le territoire comme le font quelques départements et régions (Seine-et-Marne, Seine-Maritime, Manche, Basse-Normandie,…).

    Cela devrait permettre l’émergence de petits opérateurs locaux comme cela s’est passé dans la Manche avec Nomotech.

    Puis, déployons par contagion, en « tâche d’huile ».

    Encore une fois, les infrastructures ne servent à rien sans projets, sans culture, sans énergie locale.

    Ce n’est pas propre au FTTH mais à tous les usages d’Internet). Voir par exemple les études sur les non-internautes en region Aquitaine.

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