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Les Fab Labs : comment fabriquer (presque) tout ce que l’on veut ?

Qu’est-ce qu’un Fab lab ?

Le mot falab vient de la contraction des deux mots anglais : fabrication et laboratory. Sa philosophie est inspirée par le mouvement de l’open source et d’un célèbre cours dispensé par l’inévitable Massachusetts Institute of Technology et qui est le titre de ce billet : How to make (almost) everything ? Comment fabriquer (presque) tout soi-même ? Et bien justement grâce à des petits laboratoires de fabrication, des falabs !

fablab

Concrètement ce sont des ateliers de fabrication d’objets industriels, le plus généralement des proptotypes, d’où l’expression « laboratoire », avec un ensemble de machines-outils souvent pilotées par des ordinateurs. Vous allez me dire mais qu’est-ce que cela à de très nouveau ? Car on produit des objets à l’aide d’ordinateurs depuis déjà bien longtemps ! Cela s’appelle de la Conception Assistée par Ordinateurs ou CAO !

Et bien la nouveauté introduite par le mouvement des Fablabs est de rendre accessible ces prototytages à presque tout le monde. Et cela pour plusieurs raisons : l’accès libre et gratuit aux logiciels permettant de piloter un ensemble de machines et de produire des objets, l’amélioration des interfaces et de l’ergonomie de ces machines et à la baisse du coût de ces différentes machines.

Cette accesssibilité renforcée a permis l’extension du mouvement de l’open source vers ce que l’on peut qualifier l’open hardware, c’est à dire l’open source étendue aux objets eux-mêmes et pas seulement les logiciels. On passe en quelque sorte du virtuel au réel.

Qui sont les utilisateurs des fablabs ?

Le plus souvent des bricoleurs, des ingénieurs, des artistes, des électroniciens, des roboticiens et hackers en tout genre qui souhaitent réaliser des projets par eux-mêmes et/ou en collaboration avec d’autres mais qui ne peuvent les réaliser chez eux ou dans leur propre lieu de travail.

Ils se regoupent donc au sein d’un Fablab, un peu comme le coworking mais dans une version industrielle pour produire des objets. Ils mettent en commun un ensemble de machines standards et spécialisées dont certaines étaient encore exclusivement réservée à l’industrie. On trouve souvent dans les fablabs des fraiseuses, découpeuses au laser, découpeuses plasma ou à jet d’eau, des imprimantes 3D, des machines à produire des circuits imprimés, des scies sauteuse et autres perceuses à ruban.

Et que peut-on fabriquer ?

Et bien théoriquement presque tout selon la formule consacrée mais dans la réalité pas grand chose de vraiment significatif en terme de production car il faut bien avoir en tête que ces Fablabs sont d’abord des laboratoires où l’on teste, on détourne des objets, on répare, on bidouille, on prototype, on recycle. Pour être clair on ne va pas sortir des produits à la chaîne ni fabriquer un smartphone.

Par contre peut faire toute une série de prototypages, que ce soit un ordinateur ou un objet électronique avec par exemple le prototype de circuit imprimé en libre accès Arduino, produire un tabouret, un luminaire, une petite cuillière, un vêtement ou une brosse à dent et même un pontage cardiaque, tout est possible !  Dans un autre registre, on peut aussi écrire, illustrer, maquetter et imprimer son propre livre en ligne par exemple, avec un logiciel commercial ou libre tel que wikibook.

En fait, l’idée c’est de venir monter son projet dans un lieu collaboratif, de se former, de confronter ses idées avec d’autres et surtout, de passer du concept à la 2D puis à la 3D. Cela permet à des projets de devenir réalité car il faut le savoir, la phase du prototypage n’est pas accessible à tous les créateurs car elle est souvent très onéreuse.

Est-ce que les Fablabs peuvent devenir une alternative au système de production industriel ?

Nous verrons bien, mais je dois avouer que c’est difficile à prévoir. C’est en tout cas l’objectif affiché par ses promoteurs. Issus de la mouvance du logiciel libre et des mouvements alternatifs, les promoteurs des fablabs pensent que ce système de production alternatif va permettre d’une part de se réapproprier la production industrielle, de détenir et de transmettre des savoir-faire, de sortir des logiques d’obsolescence programmée mis en place par les grandes industries et de relocaliser la production dans une logique de proximité. En fait, les fablabs s’inscrivent très clairement dans une optique environnementale et de développement durable et ils peuvent permettre à des artisans, à et des petites entreprises indépendantes de lancer des produits originaux sans recourrir aux processus et aux circuits industriels classiques.

Ce mouvement est-il significatif ?

Même si le concept date des années 90, l’extension d’un réseau mondial de fablabs est assez récent. On en comptait 37 dans le monde en 2008 et près 150 dans le monde aujourd’hui. En France une dizaine de fablabs sont en activités. La région Rhône-Apes est assez active avec la Fabrique d’objets libres de Lyon qui permet à tous de venir se former, d’utiliser des machines et de produire ses objets librement.  A Grenoble, ville très ingénieuse, il y a deux projets de Fablabs, l’un porté par le Centre de Culture Scientifique et technique, la Casemate, et l’autre par ENSIMAG, une école d’ingénieurs.

Pour conclure, je reprendrai la récente déclaration de Fleur Pellerin, la ministre de l’économie numérique qui récemment a déclaré sur Twitter (s’il vous plaît), qu’elle souhaitait des fablabs partout en France !

C’est sans doute plus réaliste que de vouloir garder les hauts-fourneaux allumés en Lorraine…

Jean Pouly

Fondateur d'Econum, cabinet conseil spécialisé sur l'économie numérique et le développement durable.

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