Espaces de travail

Partage de bureaux pour les patrons aux chemins de fer suisses

La compagnie ferroviaire nationale de Suisse (CFF) a instauré à son siège un régime drastique de partage des postes de travail qui s’applique aux plus hauts dirigeants, mais préserve leurs assistantes.

train compagnie suisse CFF

Un bouleversement soigneusement préparé et accompagné pendant deux ans et demi. Le grand patron des chemins de fer suisses a perdu sa place au sein de l’entreprise… et il s’en déclare ravi.

Car s’il est question ici du bureau du PDG Andreas Meyer, c’est au sens propre : les Chemins de fer fédéraux (CFF) sont en effet passés au partage des bureaux, le desk sharing, à l’occasion d’un déménagement dans le nouveau siège de la compagnie ferroviaire à Berne, l’été dernier.

La règle s’applique à l’ensemble du top management en vertu d’un pragmatisme implacable : « Ce n’est pas très efficace d’avoir un tiers des pupitres vides dans les bureaux parce que les occupants attitrés sont en déplacement, il est donc logique que d’autres collègues puissent utiliser l’espace libre », expose Claudia Schuler, responsable du change management aux CFF.

Ce sens pratique fait fi des hiérarchies : les hauts dirigeants et les cadres supérieurs n’ont plus leur bureau attitré, mais leurs assistantes, si ! Avec certains informaticiens, elles comptent parmi les rares salariés à faire exception au desk sharing : les uns comme les autres sont considérés comme devant être localisés facilement dans le bâtiment.

Communication plus efficace

Appliqué aux 1 800 salariés du siège, le nouveau principe d’organisation s’étend depuis janvier à un autre immeuble administratif CFF de 750 personnes à Olten, en attendant de futurs bâtiments en Suisse romande d’ici à 2020.

Les CFF, qui emploient au total 30 000 salariés, ont souhaité stimuler les échanges spontanés à l’intérieur des services, selon le postulat qu’une communication « plus transparente et efficace en interne se répercutera favorablement sur la clientèle », rapporte Claudia Schuler.

Le soin dans la préparation au changement caractérise l’initiative. Les personnes concernées ont été accompagnées pendant deux ans et demi : 24 mois avant et six mois après, par une cellule incluant les services RH et sous l’égide d’un comité de pilotage où siégeaient les représentants du personnel.

Outre des supports divers de communication (newsletter, infos sur l’intranet…), des visites préalables des lieux puis des rendez-vous sur le chantier, des forums d’expression des attentes ont précédé l’entrée dans les nouveaux locaux. Ceux-ci se substituent à plusieurs lieux de travail disséminés dans Berne.

Le personnel a participé au choix du mobilier dans une grande halle où la short-list de fournisseurs exposait ses produits.

Pendant les jours de déménagement, les CFF ont constitué une contact team composée de spécialistes internes du management du changement et du facility management, qui s’est mise à disposition permanente du personnel.

A posteriori, des séances de retour d’expérience ont été organisées, par exemple pour juger de l’ergonomie des postes partagés. Une enquête de perception d’usage suivra dans le courant de l’année.

Développement du télétravail

Pour augmenter l’efficacité du partage de bureaux, l’entreprise publique le complète d’une incitation à développer le travail à domicile ou pendant les déplacements.

Au siège de Berne, elle équipe à cet effet ses salariés du siège d’ordinateurs portables et de smartphones connectés au réseau interne. Elle y fait progressivement des conférences téléphoniques et vidéos sa règle de fonctionnement.

Elle réduit les réunions classiques à leur minimum et les programme pendant les heures creuses du transport en commun.

L’usage du desk sharing n’a pas encore été quantifié en Suisse. Mais les quelques consultants et universitaires qui l’observent notent son développement, y compris pour les sphères les plus hautes de la hiérarchie.

Novartis, Swisscom ou le Crédit suisse figurent parmi les groupes qui se sont mis d’une manière ou d’une autre à cette pratique.

(Source Fil AFP-Liaisons sociales – Photo : Martin Abegglen)

Rédaction

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2 commentaires

  1. Il n’y a rien de plus crétin que ce suivisme des imbécillités promues par les américains, dont la gestion des choses est de loin pas un exemple à reprendre.
    Pour avoir longtemps travaillé tant dans le privé que dans le public à des postes de dirigeant, je puis affirmer que les bureaux ouverts, les tournus dans ces recoins soit disant ouverts ont toujours eu pour fin que les personnes concernées recréent assez rapidement, par des paravents, des fleurs et plantes vertes grimpantes le cocon sauveteur du bureau fermé.
    Je suis impatient de connaître la situation qui prévaudra dans quelques années dans ces bureaux interchangeables et non attribués exclusivement. En général, après deux ans de révolution, le phénomène décrit ci-dessus prend l’avantage sur le désir de bouleversement.
    Quant à l’efficacité réelle de ce système, j’ai constaté qu’il ne faisait que de dégrader la position des personnes exposée, qui, au mieux, quittent rapidement une entreprise obligeant de telles expérimentations. Bien entendu, les meilleurs éléments partent les premiers!!

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