Espaces de travail

L’Etat s’engage fortement pour le développement des tiers-lieux

Patrick Levy-Waitz, président de la fondation Travailler autrement remet aujourd’hui officiellement son rapport sur le coworking, Faire ensemble pour mieux vivre ensemble, à Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre chargé de la Cohésion des territoires. Un rapport extrêmement détaillé et une situation des tiers-lieux en France réalisé après une étude de 5 mois et une consultation nationale. L’occasion pour le gouvernement de lancer un plan assez ambitieux de soutien à ce phénomène de société.

Si la mission confiée au début de l’année 2018 par Julien Denormandie à Patrick Levy-Waitz visait à établir «  un diagnostic partagé sur les espaces de coworking et leur déploiement » afin « d’identifier les modèles les plus adaptés aux territoires et les modèles économiques les plus performants », le rapport final a grandement élargi le champ du travail au phénomène des tiers-lieux, plus riche que le coworking.

1800 tiers-lieux

Plus de 1 800 tiers-lieux en France

Car, première observation de la Mission coworking, les tiers-lieux ne sont pas un phénomène marginal mais un fait de société. Le rapport en dénombre plus de 1 800 en France qui recouvrent des réalités très différentes. Ils sont hybrides, multiformes avec des niveaux de maturité très différents. « Ils portent des dynamiques économiques et sociales et s’avèrent certainement plus structurants pour leur territoire d’implantation, et pour l’ensemble du territoire français, que nous l’avions imaginé » précise le rapport.

Autre constat, ces tiers-lieux sont des espaces d’innovation, « préfigurent de nouvelles manières de travailler », mélangent les publics et hybrident les activités. Ils sont le royaume du « faire » et des makers, du « learning by doing » et du « test and learn ». Autant d’anglicismes qui dénotent le décalage entre des pratiques bien ancrées dans la société et une reconnaissance trop jeune qui n’a pas encore posé ses mots sur le phénomène.

Indépendants mais pas tous seuls

Ces nouveaux espaces répondent parfaitement à des nouvelles aspirations pour s’organiser au travail comme l’a souligné Julien Denormandie dans son échange avec le rapporteur :  » Nous n’avons jamais été aussi collectifs et en même temps individuels. Soixante-dix pour cent des 18-30 ans déclarent vouloir travailler en indépendant mais pas tout seuls « .

Julien Denormandie-Patrick Levy Waitz
Remise du rapport de la Mission coworking (Photo : Marie-Laure Cuvelier)

Des accélérateurs de transition de la société

Dernier constat important, ces tiers-lieux sont porteurs de valeurs de proximité, de partage, de recyclage, de priorité donnée aux circuits courts ou de frugalité qui fabriquent « nouveau monde où la transition écologique se trouve de fait, accélérée par la transition numérique en cour». Et se révèlent être une  «porte d’entrée dans le monde du « co » : coopération, collaboration, co-construction, en inventant, par exemple, de nouvelles coopérations public-privé

Le rapport est également une mise à jour très détaillée des données sur le coworking ou, plus précisément, sur les tiers-lieux. On y retrouve des chiffres, des cartes et il est accompagné d’infographies qui décortiquent tous les aspects de ces espaces : répartition, typologie des utilisateurs, données économiques, implantations régionales, impacts sociaux économiques. Tout ce que vous avec toujours voulu savoir sur les tiers-lieux. Une somme très vivante, accompagnée de nombreux exemples qui présentent la réalité et la richesse des espaces.

secretaire etat cohesion territoires
Julien Denormandie, secrétaire d’Etat à la Cohésion des territoires et Patrick Levy-Waitz, rapporteur de la Mission coworking (Photo : Marie-Laure Cuvelier)

300 Fabriques de territoires et 110€ M€

En plus des 28 propositions de Patrick Levy-Waitz et suivant les recommandations du rapport, le ministre de la Cohésions des territoires a annoncé la création de 300 espaces de grande taille, 300 Fabriques des territoires selon l’appellation du rapport.

Ces espaces seraient des « tiers-lieux structurants ayant pour vocation de déployer un ensemble de services pouvant résonner sur l’ensemble du territoire », avec deux missions principales : l’inclusion numérique et l’apprentissage.

Ces Fabriques seraient réparties, à 50% dans des quartiers populaires de la ville et pour l’autre moitié à des carrefours-clés de déplacement domicile-travail dans des zones d’emploi suffisamment importantes.

Un budget de 110 M€ sera consacré à ce projet : 60 M€ en 3 ans débloqués par l’Etat en aide à l’amorçage, 10 M€ apportés par un fonds de dotation privé et 40 M€ par un « fonds d’investissement socialement responsable ».

Un plan destiné également à supprimer les faiblesses constatées par la Mission, notamment économiques. Seulement 40 % des tiers lieux seraient rentables, selon le rapport, et le principal poste de dépense est le loyer (40 à 60 % du budget) suivi par les salaires (21 %). Ce qui rend difficile pour les petits espaces de boucler leurs budgets.

Au final un plan qui revient à étatiser un phénomène spontané de la société ? Non précise Patrick Levy-Waitz, « l‘Etat doit faciliter, accompagner mais pas faire à la place des tiers-lieux« .

A lire absolument pour comprendre la mutation de société que portent les tiers-lieux.

Télécharger le rapport Faire ensemble pour mieux vivre ensemble

Télécharger l’infographie du rapport

 

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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