Future Of Work

Buffer, société 100% en télétravail dans 16 pays

Avec Buffer, suite des témoignages sur des organisations de travail innovantes. Un entretien avec Maxime Berthelot, Product Manager Growth. Il est freelance qui travaille pour cette plateforme de gestion des réseaux sociaux. L’entreprise est organisée de manière originale, mêlant salariés et freelances dans 16 pays.

Zevillage : Comment est organisé Buffer ?
Maxime Berthelot : La société est américaine et tous ceux qui travaillent aux Etats-Unis sont salariés de droit américain. Tous les autres sont « contractors », prestataires. Nous sommes 71 salariés et freelances en tout, installés dans 16 pays. On peut habiter où on le désire. Moi j’ai choisi les Pays-Bas.

L’organisation est très décentralisée et chacun a un manager (moi c’est le CEO) avec qui il fixe ses objectifs et avec qui il fait des points réguliers tous les 15 jours. Je suis prestataire mais c’est comme si j’étais salarié, y compris pour les garanties.

Buffer a une éthique. Par exemple, on ne se sépare pas des collaborateurs du jour au lendemain, même s’ils sont prestataires. S’il y a un problème, on essaye de trouver des solutions avant la rupture de contrat. L’entreprise s’appuie sur des valeurs qui encadrent nos comportements et qui sont très vivantes.

Zevillage : C’est quoi ces valeurs ?
Maxime Berthelot : On a dix valeurs chez Buffer. Elles viennent du fondateur, Joël Gascoigne, un Anglais, et transpirent dans toute l’entreprise. Elles sont été consolidées par les gens qu’il a recruté autour de lui. Il est vraiment très humain et cela se sent dans note manière de travailler ensemble. On l’a vu en 2016 quand la société a rencontré des difficultés et qu’on a du se séparer de plusieurs salariés. Joël a pris beaucoup de soin à accompagner les collaborateurs.

Zevillage : Etre installé dans 16 pays cela ne vous pose-t-il pas des problèmes d’organisation et de communication ?
Maxime Berthelot : Si bien-sûr. C’est une habitude de travail à prendre avec une organisation particulière qui repose beaucoup sur l’écrit et la transparence. Su tu ne sur-communiques pas, tu risques toujours d’avoir quelqu’un qui est en dehors de la conversation.

Il y a des choses qu’on ne peut pas faire quand on n’est pas dans les mêmes fuseaux horaires, par exemple parler juste 2’ avec un collègue.

On utilise Slack pour la communication instantanée car on voit tout de suite si notre interlocuteur est disponible. Pour la communication asynchrone on utilise le mail, ou les documents partagés, car on ne sait pas à quelle heure notre correspondant verra le message ou sera disponible. C’est plus simple et moins intrusif que d’essayer de le joindre de vive voix.

On a aussi un genre de Trello pour la gestion de projets dans lequel on place les tâches pour les différents participants. On n’est pas obligé de se parler toute la journée, chacun sait ce qu’il a à faire.

Zevillage : C’est pesant ce mode d’organisation ?
Maxime Berthelot : Au départ j’ai eu du mal à m’y faire car j’étais très « verbal ». J’aimais beaucoup parler. J’avais une entreprise auparavant, une startup classique où on était à 15 dans 30 m2, où on se parlait directement, où on créait des liens. Aujourd’hui l’organisation de Buffer ne me gêne plus, je le vis bien.

C’est un mode de fonctionnement assez pratique. Je travaille beaucoup avec l’équipe aux Etats-Unis et donc, avec le décalage horaire, cela me laisse le matin pour le « deep work » qui demande de la concentration. Je ne suis pas dérangé sur Slack ou les autres outils, j’ai très peu de conversations. Mon après-midi est plus réservée aux appels téléphoniques ou visio.

Zevillage : Comment assure-t-on la cohésion des équipes dans cette organisation ?
Maxime Berthelot : D’abord par la façon de recruter. On cherche des profils particuliers en accord avec la culture et les valeurs de l’entreprise. Ensuite, pour assurer la cohésion on fait des retraites pour se resynchroniser, mettre les projets à plat. Chaque équipe peut aussi se retrouver à un endroit du monde pour des mini-retraites d’équipe.

On a aussi une « people team » pour toute l’entreprise, en charge des sujets RH et administratifs (formation, paye, frais…) mais aussi en charge d’animer la société au quotidien. On fait aussi des meeting réguliers, en ligne sur Zoom, avec toute l’entreprise.

On a aussi des animations et services classiques : un book club, un canal où on parle de sport, un club de yoga, des cours de stretching en ligne. Ce qui nous a pas mal fait rire car certains participants travaillent dans des cafés et étaient regardés bizarrement pendant les séances. On a les mêmes techniques de création de culture que les autres entreprises, sauf que beaucoup de chose sont désynchronisées.

Articles précédents sur les organisations innovantes : Happy dev

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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2 commentaires

  1. Bonjour,

    Merci pour ce partage d’expérience. Je suis contente de trouver un article qui parle de l’organisation de Buffer ! On m’a souvent dit que Buffer était organisée en full-remote, mais je n’avais jamais eu l’occasion de lire sur eux.

    Le témoignage de Maxime Berthelot ressemble de très près à tous les témoignages que j’ai recueillis au cours d’interviews de travailleurs « remote » (le 100% télétravail). Toutes les entreprises ont l’air de s’organiser à peu près de la même manière dans les grandes lignes (NouMa, Doist, Atomist…).

    Si vous souhaitez voir la vision et le point de vue de fondateurs et dirigeants d’une société française bâtie en remote dès les débuts, j’ai publié leur portrait : https://lesnouveauxtravailleurs. fr/portrait-8-remote-boondmanager/

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