Future Of Work

Le coronavirus est-il le cygne noir qui va provoquer la mutation du travail ?

Le coronavirus déstabilise la Chine et inquiète le reste du monde. A tel point que l’économie mondiale accuse le coup. Et si Covid-19, de son petit nom, était le cygne noir, cet événement imprévisible qui remet en question toutes nos prévisions et nos certitudes. Et si ce virus nous contraignait à revoir en profondeur le fonctionnement de la société et du travail ?

Plus de 10% de la population mondiale en quarantaine en Chine, des secteurs d’activité au ralenti, et une menace sérieuse de crise économique. Le coronavirus affecte l’économie chinoise avec des effets perçus dans le monde entier.

Le coronavirus ralentit l’économie

Les marchés financiers deviennent très nerveux et en Chine ils ont même commencé à « dévisser ». La production industrielle s’est effondrée, certains secteurs comme le textile, l’électronique et l’automobile sont sinistrés et manquent de pièces. Dans certains secteurs, comme l’automobile, la production ne se vend presque plus et les pièces détachées manquent. La Chine se dirige-t-elle vers une « économie de la quarantaine » ?

Dans une économie mondialisée, nous n’allons pas tarder à ressentir les répliques du séisme. Les containers qui restent à quai en Chine, cela signifie que vos nouveaux modèles d’iPhone ou de Huawei n’arriveront pas chez vous. Mais aussi que les pièces détachées pour notre industrie n’arriveront plus. L’équipementier automobile italien MTA a annoncé cette semaine la fermeture d’une usine en Italie « jusqu’à nouvel ordre ».

Et encore, nous ne parlons que de retombées économiques et pas humaines et sanitaires. Mais qu’arrivera-t-il si les morts se multiplient sur la planète ?

Covid-19 est-il un cygne noir ?

Certes nous avons connus d’autres pandémies virales, grippes aviaires et autres SRAS. Mais pas à une telle échelle. Ce virus-ci connaîtra-t-il bientôt son « point de bascule » avant de battre en retraite ou bien la situation va-t-elle échapper à tout contrôle ?

Si la situation sanitaire – et par conséquence économique – s’aggrave nous devrons revoir en profondeur nos modes de fonctionnement, nos déplacements, notre économie et nos méthodes de travail.

La virus aura agi comme un « cygne noir », un événement imprévisible à faible probabilité de se réaliser, tel que défini par le statisticien Nassim Nicholas Taleb. Et même si les virologues alertent régulièrement sur la probabilité importante du danger d’épidémies de ce type, qui avait prévu son ampleur et ses conséquences ? Et qui sait si la pandémie va s’arrêter, s’amplifier ou devenir chronique ?

Le cygne noir nous oblige a penser différemment

On a tous des schémas mentaux en tête et nous avons facilement tendance à croire que les choses sont immuables, une sorte de biais du statu quo. Le monde tournera demain comme il tourne aujourd’hui.

Mais si Covid-19, grain de sable de nos économies, cygne noir perturbateur, nous obligeait à changer durablement nos manières de travailler ?

Cela peut se produire de différentes manières et engendrer des conséquences variées autrefois inenvisageables. Nous pouvons déjà faire quelques constats.

  1. Un système autoritaire et centralisé comme celui du gouvernement communiste chinois n’est pas adapté à la gestion d’une crise grave. Par sa lenteur, par l’interdiction de l’intelligence collective, il est condamné à réagir trop lentement, trop bureaucratiquement. Comme dans l’entreprise, le contrôle et moins efficace que la confiance.
  2. L’avantage compétitif de la délocalisation dans des pays à bas coûts de production comme la Chine, les Quatre dragons ou les Tigres asiatiques risque de ne plus faire le poids face à une crise économique et, à court et moyen terme, face aux contraintes sanitaires. Une bonne occasion de se poser vite la question de la relocalisation pour des raisons économiques, sociales et environnementales (pollution par le trafic maritime), des circuits courts et de notre vision de la croissance. Nous pensions pouvoir continuer presque comme avant, le cygne noir va-t-il nous obliger à forcer l’allure ?

    Trafic maritime sur Marine Traffic
    Trafic maritime sur Marine Traffic (20 février 2020)
  3. L’organisation de travail des entreprises pourrait bien changer plus vite que prévu. Après les attentats en 2015 ou la grève fin 2019 qui faisaient découvrir les vertus du télétravail, le coronavirus pourrait accélérer la prise conscience de l’absurdité du travail pendulaire obligatoire.
    Déjà, on voit de drôles de questions apparaître à propos du télétravail. Et le ministre de l’Education envisage de pouvoir développer l’enseignement à distance massif en cas d’aggravation de l’épidémie.

Le pire n’est jamais sûr, bien-sûr. Mais étant donné les perturbations déjà provoquées par le virus aujourd’hui on peut s’attendre à des bouleversements de nos modèles économiques, de nos organisations, voire d’une post-crise économique.

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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2 commentaires

  1. Trop tard pour contenir l’épidémie ?
    “Plus il y a d’individus atteints, plus on peut connaître avec certitude le nombre de personnes qu’ils vont contaminer à leur tour. Le virus a alors un comportement exponentiel et l’épidémie explose. C’est la loi mathématique des grands nombres”, détaille Jean-Stéphane Dhersin, spécialiste de la modélisation d’épidémies.
    https://virus-corona.org/trop-tard-pour-contenir-lepidemie-coronavirus/

  2. Ca serait quand même dommage que ce soit ce genre de phénomène qui propulse le télétravail en France. Mais bon on y vient petit à petit.

    Certaines sociétés en France ont déjà communiqué en Interne en indiquant à leur salarié de rester chez eux s’ils sont allés dans un pays ou une région contaminés.

    Article interessant. Affaire à suivre !

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