Future Of Work

Oclock, une école avec 100% des élèves et des profs en télétravail

Oclock est une école de formation au développement informatique originale constituée de classes en ligne, en téléprésentiel, sans bureaux, et dont les 80 salariés sont tous organisés en télétravail. Une vraie école, avec des classes de 20 apprenants, des cours en ligne 5 h par jour et du soutien pédagogique. Mais à distance, en téléprésentiel.

Entretien avec Maxime Vasse, l’un des associés fondateurs, qui nous explique le fonctionnement de Oclock et les choix stratégiques qui ont amenés les créateurs à fonctionner entièrement à distance, en full remote.

Zevillage : Que fait OClock et comment êtes vous organisés ?
Maxime VasseMaxime Vasse : Pour résumer de façon simple, Oclock est une école de développement web en ligne avec des cours classiques, comme en présentiel mais à distance. On ne propose pas des vidéos enregistrées ou des cours déjà préparé mais on a des salles de classe avec des formateurs et des étudiants qui s’y connectent. On a une salle de classe classique, cela veut dire que si on décrit la classe, on se rend même pas compte que c’est une salle de classe en ligne. Pour un cours, le formateur arrive dans la classe, les étudiants le rejoignent, ils échangent ensemble, le professeur partage son écran, les étudiants posent des questions.

Tout cela se fait dans le navigateur via une interface dans laquelle le professeur gère de l’audio et de la vidéo. Les apprenants peuvent poser des questions par écrit. Cela ressemble à une salle de classe classique.

Il y a à la fois ce temps entre 9h et 15h en direct et ensuite après 15h, nous proposons un temps asynchrone qui permet d’ancrer un peu plus les acquis en répétant, en faisant de la révision. Cela permet d’avoir un modèle pédagogique qui correspond un peu à tout le monde, à la fois une classe intense dans un format classique et ensuite un format asynchrone qui permet de s’organiser pour par exemple récupérer les enfants à l’école ou passer plus de temps sur une notion qu’on a mal compris.

Zevillage : Ce format de classe virtuelle peut accueillir combien de personnes ?
Maxime Vasse : Chez nous le format classe virtuelle se limite à 25 personnes mais en fait techniquement, on pourrait aller jusqu’à 50 personnes sans problème. Chez Oclock, les promotions sont composées de 50 personnes, en deux groupe de 25 pour être sûrs d’avoir une qualité pédagogique élevée. Il est possible d’avoir des classes à 50 quand un sujet s’y prête, pour présenter un nouveau chapitre qui arrive ou une nouvelle saison.

Zevillage : Ce sont des cursus de combien de temps ?
Maxime Vasse : On a plusieurs formations, mais notre formation classique de développeur est une formation de 6 mois. Elle commence par une formation de 3 mois pour la base de connaissances du développement web. Ensuite, on va se spécialiser dans une technologie pendant 1 mois pour se concentrer par exemple sur Symphonie, ou sur React ou sur Wordpress ou sur la data.

Ensuite il y a 1 mois pendant lequel les étudiants travaillent sur un projet entier. Enfin, il y a 1 dernier mois pendant lequel on va passer des certifications, le titre professionnel de l’Etat, une autre certification sur les bonnes pratiques de qualité web. Les étudiants passent aussi du temps en coaching de recherche d’emploi.

Zevillage : L’apprenant n’est jamais seul pendant 6 mois ?
Maxime Vasse : Oui, c’est l’idée, c’est de se dire que l’élève doit se concentrer sur sur sa formation et qu’il n’est jamais seul. En journée, il a le professeur et puis les helpers qui vont répondre aux questions individuellement. Si quelqu’un est bloqué sur quelque chose, le professeur ne va pas bloquer tout le monde, toute la classe mais ce sont les helpers qui interviendront.

Zevillage : Contrairement à d’autres organismes comme Simplon ou Openclassroom, vous avez choisi de faire payer les cours aux étudiants. Vous ne craignez pas que cela vous coupe de publics qui ont des problèmes financiers ?
Maxime Vasse : Effectivement, notre business model est calqué sur celui des écoles en présentiel. L’apprenant aussi doit prévoir les 6 mois de formation dans son agenda. C’est un gros investissement personnel, il peut pas faire ça à côté de son boulot par exemple.

Dans une école comme la nôtre, à peu près 70 % de nos charges correspondent à des ressources humaines donc on ne fait pas de formation gratuite. Notre formation coûte 6 000 € et va même passer à 6500 € parce qu’on a rajouté quelques modules de formation.

Environ 60% de nos étudiants obtiennent un financement de leur formation, soit partiel, soit intégral, par pôle emploi avec l’aide individuelle à la formation, par les régions ou grâce au nouveau « Mon compte formation », le CPF, qui permet à tout le monde de financer sa formation sans avoir forcément l’accord de pôle emploi ou d’une région.

Nous avons aussi on a dispositif peu courant qui s’appelle La Faute à Oclock. Quand on repère un étudiant qui a l’air très motivé mais qui malheureusement n’a pas pu trouver de financement, on lui dit : « Tu as l’air d’avoir un bon niveau, tu as l’air d’être très motivé pour décrocher un boulot, on te propose de faire la formation gratuitement et tu la rembourses quand tu auras un emploi ». Cela permet aux gens qui n’ont aucune ressource de suivre la formation.

Ce système est motivant. On a récemment été audités par des organisme de financement et on a dû calculer le taux d’abandon. Il était de 2,97 % ce n’est vraiment pas beaucoup si l’on compare avec des formations du type d’Openclassroom qui ont 90% de taux d’abandon.

Cockpit de l'interface de formation de Oclock.jpg
Cockpit de l’interface de formation de Oclock

Zevillage : Vous êtes organisés en « full remote » chez Oclock ?
Maxime Vasse : Tous les salariés sont en mode distribué. Au moment de créer Oclock on s’est rendu compte que les écoles de ce type étaient situées dans les grandes villes. Et donc si on n’habite dans les grandes villes on est un peu laissé pour compte.

Nous avons donc voulu créer un système où tout le monde peut réussir à se former. Et on a donc créé une salle de classe en ligne, une formation en téléprésentiel. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait plein d’avantages pour la pédagogie.

On s’est aussi rendu compte que si tous nos étudiants et tous nos professeurs étaient en ligne nous n’avions aucun intérêt à avoir des bureaux, et on pourrait tous travailler en télétravail.

C’était facile de à faire au début en 2017, on était quatre. Aujourd’hui, on est 20 fois plus, vous sommes 80, nous sommes toujours en télétravail et cela marche bien.

J’habite près de Bourg-en-Bresse, mes associés sont à Lyon, à Royan, à Montpellier et on a des salariés qui vivent à Lille, à Nantes, en Espagne et au Portugal.

Voir l’article : Buffer, société 100% en télétravail dans 16 pays

Zevillage : Cela ne vous a pas posé de problèmes pour vous développer ?
Maxime Vasse : Comme notre organisation est distribuée depuis le début cela a été assez facile. On a nos outils pour échanger au quotidien, des outils pour approfondir certains sujets, des outils pour se partager des documents.

On n’a pas ressenti de difficulté à se développer, au contraire. Je pense que si on n’avait pas été en télétravail, cela aurait été compliqué de passer de 4 à 80 en 3 ans. Quand on recrute, on le fait sur toute la France, voire un peu plus. Si on avait été dans une entreprise physique, on aurait dû déménager 4 fois de bureau depuis la création. Nous on n a pas de locaux. On a des frais pour pouvoir travailler, comme des serveurs ou des ordinateurs et une connexion internet pour chaque salarié. Mais pas de bureaux.

Zevillage : Le coronavirus et le confinement n’ont pas dû changer grand-chose ni pour vous ni pour les apprenants ?
Maxime Vasse : Le coronavirus a changé notre vie comme pour tout le monde. Le fait de ne pas pouvoir sortir, les problèmes pour aller chez le médecin ou à la pharmacie, ne plus voir ses amis ou aller se balader à la forêt avec la famille. Mais pour le travail rien n’a changé.

Pendant la pandémie, on a proposé d’ouvrir nos salles de classe virtuelles à d’autres écoles et cela nous a enseveli sous le travail. Mais on est très content d’arriver à dépanner les écoles et on le fait gratuitement parce que cela ne nous paraissait pas éthique de gagner de l’argent avec la pandémie.

Plus d’une centaine d’établissements nous ont contacté mais on est heureux de pouvoir permettre à quelques milliers d’apprendre de continuer à avoir cours.

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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