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Camembert : Isigny boude l’AOC

Soupçonnée de fraude dans la fabrication de ses camemberts au lait cru, Isigny a décidé de retirer les mentions « AOC » et « au lait cru » de ses boîtes à partir du… 1er avril.

L’industriel soutient qu’utiliser du lait microfiltré – en contravention avec le cahier des charges de l’AOC – ne « change rien au qualités organoleptiques » de ses produits. Pourtant, sans pouvoir toujours l’expliquer, on connaît l’importance des méthodes et des gestes rituels dans l’élaboration des fromages. Ainsi, le fameux moulage à la louche n’est pas seulement un slogan marketing : il permet une oxygénation particulière de la pâte que reproduit mal une machine.

En revanche, on voit bien l’avantage commercial à abandonner le lait cru : les entreprises agro-alimentaires pourraient légalement allonger la conservation de leurs produits et, par là-même, vendre plus.

Isigny a donc décidé de se lancer dans ce rapport de force en jouant le coup du mépris : ils ne se réinscrirons pas dans l’AOC quand elle cédera et autorisera le changement des critères de fabrication.

Après Isigny, Lactalis pourrait suivre la même voie et vouloir contribuer à marginaliser le label en le laissant à une minorité (en volume) de petits producteurs. Mais ce coup de force n’est-il pas suicidaire ?

L’AOC est un cadre qualitatif. S’en affranchir et baisser la qualité de ses produits, n’est-ce pas un choix qui risque de se retourner contre le camembert ? Du point de vue des industriels, pas forcément. Mais de celui du bon goût et du patrimoine, certainement.

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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8 commentaires

  1. Xavier, tu es peut-être passé à côté d’un bon titre, du genre :
    Isigny ferme sa boîte à Camembert !

    Promis, je le referais plus…

  2. J’ai pensé à beaucoup de titres sur le mode du deuxième degré.

    Mais c’est toujours dangereux sur le Web, hors contexte…

    Allez Luc, Camembert maintenant !

  3. « soupçonnée » : -2 !
     » des methode » : -2 !
    « ils ne se réinscrirons » : -2 !
    « oxygénisation » : -2 !
    « ils ne se réinscrirons dans l’AOC » : -2 !
    « isigny » : -1
    Total : 9/20, peut mieux faire
    (d’accord, je sais, c’est pas cool, mais c’était trop tentant !)

  4. Ouhla, et dire que j’explique qu’il faut toujours se relire 😉

    Bon, je corrige.
    Les autres, ils n’ont rien vu ou ils sont sympas ?

    A propos, quand on se pique de rigueur, on essaye de ne pas se ridiculiser : Isigny est une entreprise : « soupçonnée » est accordé.
    Cela s’appelle une ellipse Etienne 😉

  5. Bah, pour le coup d’Isigny, cela se discute.

    Voici les arguments de la défense, Monsieur le Procureur. Si l’orthographe obéit à des règles précises, il est parfois des situations où l’application de ces règles ne dispense pas d’une certaine finesse d’interprétation, portant la discipline orthographique presque au rang de l’art.

    Pour défendre le genre masculin pour « soupçonné », je vais tout d’abord invoquer l’usage coutumier. Vous conviendrez avec moi, Monsieur le Procureur, qu’il est plus fréquent de lire « Arcelor a été racheté par Mittal Steel », où « Airbus s’est fait plumer par les allemands », plutôt que « Arcelor a été rachetée », ou « Airbus s’est faite plumer ».

    Ensuite, j’appelle la logique à la rescousse : dans le paragraphe suivant, Isigny est désigné par le masculin (et viril) : « L’industriel ». Il serait farfelu d’alterner les genres à chaque paragraphe, et le sérieux renom de l’auteur ne laisse pas imaginer une telle hypothèse.

    Enfin, la courtoisie envers les dames, spécialité française dont les meilleurs experts pensent qu’elle a été inventée un peu avant le camembert, ne saurait être passée sous silence. En effet, même si subsiste encore la regrettable habitude de baptiser les ouragans de prénoms féminins, il n’est pas bienvenu d’orner de la personnalité féminine – avec les agréments que cet attribut suggère – UN industriel au comportement aussi déplaisant que celui d’Isigny.

    Voila pourquoi, Monsieur le Procureur, bien loin de nous piquer de rigueur (si le cas s’en présentait, nous choisirions de nous piquer de substances plus agréables, un Mercurey, par exemple), nous vous enjoignons, au nom du peuple français, des droits de l’homme, de ceux du camembert, et de la démocratie universelle, de maintenir notre condamnation dudit sieur Xavier à l’ingestion d’un camembert Isigny, suivi derechef de l’ingestion d’un camembert Lactalis, le tous sans le soutien vinique d’une bouteille qui aurait pu faire passer le tout.

  6. Je vois bien que par ton exercice dialectique tu essayes d’égarer les partisans de la juste cause de défense de la Bonne chère !

    Tu mets le Mercurey en avant mais je sais qu’à table – notamment le jeudi – tu penches pour le Kiravi à 12° (celui du menu)…

    On comemnce comme ça : du vin de table issu de divers pays de la Communauté européenne et ensuite du fromage pasteurisé.

    Et pourquoi pas travailler le dimanche aussi tant qu’on y est !

  7. Bonjour,

    Je sens le ton chipotteur et certains font passé la lettre avant l’esprit et les causes des bonnes chères. Mais où va-t-on, on se le demande !!!!

    Dans cette affaire, étant partie civile, j’appliquerais la première loi de l’humanité, car étant la meilleure : « La douceur vaut mieux que la rigueur », c’est pourquoi votre honneur rien ne me détournera d’un camembert gouleyant villageaois moulé à la louche et d’un bon pinard de derrière les fagots quand tombe la soirée, n’en déplaise aux touts puissants voulant faire pluie et beau temps.

    Il n’y a jamais de mal à se faire du bien, surtout quand il y en a besoin.

    Yuca

  8. Bonsoir,
    Je ne retiens qu’une seule chose : c’est la juste information qui nous est donnée ! Prudence donc quant à nos commentaires : ne tuons pas le messager au motif …que le message ne plaise pas !… Ne plait pas !
    Donc Merci XAVIER ! C’est toujours un grand et réel plaisir de vous lire.
    Philippe.

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