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Comment saccager son patrimoine – Leçon N°2 : les haies


Vous avez remarqué cette manie d’arracher les haies, y compris dans des paysages traditionnellement bocagers ?

Les politiques technocratiques de remembrement y ont bien-sûr largement contribué. Les agriculteurs ont emboîté le pas des technocrates avec de vraies-fausses raisons économiques à court terme (gain de surface pour les cultures, passage facilité pour les engins de culture).

Les explications ne sont pas toujours stupides. Il me semble que les surfaces de haies sont déduites du calcul des indemnités versées dans le cadre de la PAC. De quoi encourager les arrachages.

Les conséquences de ces arrachages sont bien connues sur le moyen et le long terme : perte de rendement dues à l’assèchement des terres par le vent et l’accélération de l’écoulement des eaux, perte de la biodiversité, réduction de l’habitat des prédateurs de parasites. Et donc, augmentation des intrants chimiques (engrais et lutte contre les parasites) et des arrosages pour compenser la baisse de rendement des terres.

L’autre pollution est visuelle. A la place de la diversité des paysages français construite dans la lenteur des siècles vous avez envie de voir la France entière ressembler à la Beauce ? Moi pas.

Je soutiendrai plutôt le Manifeste pour les paysages (via Jean-Claude)

PS : un site très complet sur les haies, leur origine, leur utilité et des conseils pratiques de plantation et d’entretien.

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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12 commentaires

  1. Merci Xavier pour ce commentaire sur la préservation des haies bocagères. La disparition mais également et surtout l’entretien des haies est un réel problème. Je profite de ce billet pour rappeler que le Conseil Général de l’Orne encourage la plantation des haies dans notre département, par le versement d’une aide financière à ceux qui entreprennent de type de travaux. Il faut pour celà envoyer au CG le devis des plants et du paillage pour un minimum de 200 mètres . La subvention versée peut se monter à 1 € du mètre linéaire. Ceux qui habitent dans le Parc Régional du Perche peuvent cumuler cette aide evec une aide du Parc d’un montant de 1€. Elle est attribuée pour aider au financement du travail de plantation. Dans ce cas l’aide est directement versée au pépiniériste qui effectue le chantier.

  2. Les Percherons se soucient tellement des haies, contrairement à ce que vous dites, qu’ils éditent des brochures sur les essences composant les haies, font des concours de haies.

    De plus, c’est bien l’Etat qui a encouragé l’arrachage des haies pour faciliter le remembrement il y a des années. Et il n’y a pas que vous pour le regretter, les agriculteurs eux-mêmes, techniquement bénéficiaires et généralement chasseurs, ont moins de gibier. Tout le monde a conscience que l’absence de haies est mauvaise pour le gibier et le sol (raviné).

    Pour les promeneurs, ce n’est pas seulement un paysage plus nu qui s’offre à eux mais surtout la disparition de nombreux chemins creux ou pas creux qui sillonnaient la campagne avec des vues lumineuses que n’offre pas la forêt.

    Si les haies ont été en un temps peu défendues, c’est aussi parce qu’elles n’avaient aucun rôle économique, en plus de gêner le remembrement.
    Or, voici qu’une technique nouvelle leur en donne une : un agriculteur voisin se chauffe gratuitement (et chauffe sa porcherie, son étable etc.).

    Cette nouvelle technique consiste à débiter en petits morceaux (pas en granules reconstituées) le bois, tel qu’il a été coupé : troncs entiers, branches et branchettes, feuilles, etc. Le seul travail qu’il a est de couper le bois. Une fois par an, un engin vient tout lui débiter en petits morceaux d’environ 2-3 cm. Il garde cela sous un hangar ouvert. Une vis sans fin alimente toute seule sa chaudière suivant les indications du thermostat.

    Et bien, les gens lui donnent ses haies à couper (et il ne tronçonne je répète qu’une seule fois chaque tronc), et avec ce travail et le paiement annuel de l’engin, il chauffe toute sa ferme gratuitement.

    Je regrette personnellement que ce système d’énergies renouvelables n’ait pas été au point quand j’ai équipé ma maison. Et si je l’installais maintenant en plus de ma chaudière au gaz, cela ne serait pas si cher.

    Voilà donc un rôle économique pour les haies. Rien de tel pour qu’elles renaissent.

    Avis à ceux qui n’ont pas encore installé leur chauffage !

  3. Il y a aussi des plateformes de stockage du bois déchiquetté dans la partie ouest du département et des projets de chaufferies collectives au bois(CC Athis notamment). On ne peut pas dire que les élus ne fassent rien sur ce thème. Mais alors, pourquoi encore plusieurs kilomêtres de haies arrachés et autant de tas de bois brulés en plein air rien que sur la communauté de communes d’Athis cette année. Les mesurettes et aides à l’investissement ont peu de poids comparés aux forces économiques à court terme. Pourquoi ne pas lancer une grand débat public sur ce thème ?

  4. Merci pour vos commentaires et pour vos compléments d’information.

    On connaît le rôle des haies, on sait les valoriser depusi le Moyen-Age mais on continue à les arracher (sauf dans le Perche 😉 ). Pourquoi alors ?

  5. Les haies du bocage remplissent de nombreuses fonctions bienfaisantes : enjeux cygénétiques, écologique, paysagers, touritiques (les associations dédiées en parleraient mieux que moi, et il y a une évidente prise de conscience institutionnelle & individuelle qui progresse).

    Le remembrement des terres, le passages de petites fermes à de plus grandes fermes exploitantes à fait que les haies ont été arrachées : certes selon les lieux les situations ne sont pas les mêmes, il est clair qu’à Jersey ou Guenersey, coins de Normandie de la couronne britannique, les haies sont toujours là.

    Certains agriculteurs prennent la décision d’arracher les haies : soucis d’améliorer leurs revenus et d’avoir une vie décente (donc je ne jugerais pas ceux qui décident d’arracher…).

    La question est de savoir si notre société décide ou non d’accorder aux agriculteurs un statut de « gardien » du paysage, avec rémunération à la clé, on pourait alors localement établir des chartes paysagères (il existe par exemple des chartes paysagères ou du patrimoine bâti à Deauville, ou dans le pays de Caux, pour la préservation de clos-masure (type de construction humaine typique et unique au monde) ou établir des projets de plantations.

    Ce n’est que des idées d’après ce que je connais, mais vu les enjeux, et l’évolution de l’opinion publique, je pense que les choses vont évoluer.. le tout est de savoir dans combien d’années ou décennies…

  6. Le parc naturel du Perche a fait admettre l’oblifgation de conserver ou de creer des haies vives – subvention si oui, sanctions si non – et il me semblait que le conseil general de L’Orne avait agi dans ce sens …

  7. Bonjour

    Et Bravo pour votre blog! Je me suis permis de le referencer sur le notre ( http://vatilieu-adsl.blogspot.com/ ) lui aussi destiné à supporter notre initiative de trouver une solution alternative a l’absence de couverture ADSL.
    Je ne manquerai pas de revenir souvent afin de parcourir vos differents articles qui, je l’espere, nous permettront de gagner du temps en profitant de votre experience passée.

    Amicalement,

    Christophe

  8. S’il n’y avait que l’Orne ! En Saône et Loire ou j’ai télétravaillé cinq ans à la fin des années 1990, paysage traditionnellement bocager également, ce ne sont pas seulement les haies qui disparaissaient, mais aussi, les uns après les autres, de superbes murets en pierre sèche délimitant les parcelles et ponctuant, rythmant le paysage : les nouveaux tracteurs sont trop larges pour supporter ce type d’inconvénient à leur circulation sur les chemins communaux ! Côté vignoble, c’est la catastrophe, puisqu’à force de désherber et de faire gagner la vigne sur les zones boisées, c’est l’inondation garantie dans les villages en contrebas en cas d’intempéries. Qu’à cela ne tienne ! On construit des bassins de rétention et des drains en béton pour limiter les dégâts… Et ne parlons même pas des pavillons Lemoux-Bernard ! En Corrèze, où j’ai ensuite émigré, nature sauvage s’il en était, les agriculteurs se lancent dans la culture du maîs : grandes parcelles, destruction des haies, épuisement et pollution des nappes… Les subventions pour replanter des haies ne sont pas encore arrivées là-bas !
    Bon ! Terminons sur une note positive ! A Paris, où pour l’instant je suis revenu, on fait tout pour dissuader l’utilisation de la voiture … Un repaire de télétravailleurs déçus de la campagne ?

  9. Pulsions écologistes à Paris pour interdire la voiture ? Pas étonnant, c’est une « envie de campgane » rentrée.

    Allez, laissez-vous aller, venez vous installer dans Zevillage 😉 On militera pour la restauration des haies.

  10. Je vois que le sujet a déjà été largement commenté.

    Notre agriculture est une activité économique. Je ne vois pas comment elle pourrait échapper aux gains de productivité qui contraignent tous les autres secteurs. Elle a donc besoin d’un environnement adapté à cette contrainte.

    En même temps, chacun prend conscience, et les agriculteurs aussi, que la terre et le paysage ne sont pas qu’un outil de travail. C’est aussi un environnement partagé par de nouveaux arrivants dont les demandes de conservation ou de renouvellement d’un environnement plus diversifié sont tout aussi justifiables.

    J’ai quand même l’impression que l’on est revenu sur les excès du passé, et qu’un compromis intelligent est assez facile à trouver entre ces différentes exigences économiques, écologiques et environnementales de tous ces habitants (sans oublier la faune et la flore)

  11. C’est vrai, les mentalités ont évolué.

    Mais l’entretien d’un bon réseau de haies ne relève pas seulement d’une envie de preservation du payasage ou de l’amour des petits oiseaux (choix forts respectables).

    Les haies sont un atout économique (voir ci-dessus dans le billet). J’oubliais dans mon énumération une fonction traditionnelle des haies : la fourniture de bois de chauffage.

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