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Pourquoi le bureau est le pire endroit où travailler ?

Jason Fried est le fondateur de 37signals, un éditeur de solutions de travail collaboratif comme Basecamp ou Campfire. Dans cette vidéo d’une conférence TED (et sa retranscription en français), il explique pourquoi le travail au bureau est complètement improductif. Il donne 3 solutions pour en sortir. Il aurait pu en exposer une 4e : le télétravail.

Des entreprises, des administrations ou des associations emploient des salariés dont ils espèrent qu’ils travaillent le mieux possible pour eux. Ils décident donc que tous ces gens doivent venir à un seul endroit, ensemble, pour réaliser ce travail et être productifs.

Pour cela, ces structures dépensent des fortunes et achètent ou louent des immeubles. Elles les remplissent avec des tables, avec des chaises, avec des ordinateurs, avec des logiciels et des accès Internet. Et ils espèrent que leurs salariés vont venir y travailler tous les jours.

On travaille efficacement… hors du bureau

Cela a l’air parfaitement raisonnable. Mais quand vous demandez aux gens « Où allez vous quand vous voulez que votre travail soit parfaitement réalisé« , ces personnes vous répondent de trois manières ; elle vous citent :

  • un lieu (cuisine, bibliothèque, extension de la maison ou cave)
  • un véhicule en déplacement (train, avion)
  • une période ou un moment (tôt le matin, le week-end…).

Presque personne ne répond « au bureau« .

Les entreprises dépensent beaucoup d’argent pour que les salariés viennent travailler au bureau mais personne n’y travaille efficacement !

Car au bureau le temps de travail est haché : on est dérangé toutes les 15 minutes par les autres et à la fin de la journée on constate : « Je n’ai rien fait aujourd’hui« .

On ne peut pas demander à quelqu’un d’être créatif en 15 minutes. Pour se concentrer sur un problème on a besoin de longues plages de temps sans interruption.

Au bureau on est interrompu en permanence dans son travail

Ces périodes de calme, les salariés les trouvent dans le train, dans l’avion, à la maison ou tard le soir au bureau. A des endroits où ils n’ont pas de distraction.

C’est un peu comme pour le sommeil : comment voulez passer une bonne nuit de repos si vous êtes réveillés tout le temps.

La différence entre les distractions au bureau et en dehors c’est qu’au bureau vous ne choisissez pas quand vous êtes interrompus.

La plupart des managers pensent que s’il ne vous voient pas travailler vous ne faites rien. Il pensent que les distractions au bureau s’appellent Facebook, Twitter, YouTube ou d’autres sites Web. Donc ils en interdisent l’accès.

C’est une erreur car ces distractions sont juste la version moderne de la pause cigarette. Il y a 10 ans personne ne contestait qu’on fasse un break de 15 minutes pour fumer. Pourquoi alors s’inquiéter qu’on le fasse avec Facebook ou avec Twitter ?

Les 2 problèmes du bureau : les managers et les réunions

Le vrai problème au bureau aujourd’hui sont les M&M’s : les managers et les meetings. Les deux éléments que vous ne trouvez pas en dehors du bureau.

Le travail central du manager est d’interrompre les gens dans leur travail pour vérifier qu’ils travaillent bien. Et les meetings sont toxiques, un poison au bureau.Vous ne voyez jamais un meeting spontanément organisé par les salariés.

Quand le manager convoque 10 personnes à une réunion, quelle est la probabilité que les 10 soient prêts à arrêter leur travail juste à ce moment-là ? Pendant la réunion on parle de choses pas vraiment importantes et de tâches à venir. Et elle coûtent cher en productivité : 10 personnes pendant une heure c’est 10 h d’improductivité. Une réunion qui aurait probablement pu être remplacée par une conversation de quelques minutes entre 2 ou 3 personnes.

3 idées pour être plus efficace au bureau

Que pourraient donc faire les managers pour que le bureau soit un meilleur endroit où travailler?

Voici 3 pistes d’amélioration :

  • dans l’esprit des casual fridays, pourquoi ne pas instituer des no talk thurdays, des jeudis de silence ? Au moins une fois par moi ou un 1/2 jeudi par mois. Au vu des résultats on pourra l’étendre à une journée par semaine.
  • remplacer la communication active directe, face à face (les gens qui frappent à votre porte, vous croisent dans le couloir…) par une communication passive (mail chat, outils collaboratifs).
    Ces outils sont « destructeurs » de communication si vous les subissez. Mais si vous choisissez de les utiliser vous pouvez toujours les couper quand vous en éprouvez le besoin.
  • annulez votre prochaine réunion (si vous en avez le pouvoir). Ne la reportez pas, annulez-la. Le travail de tous les participants pourra continuer sans cette réunion, avec une heure économisée. Continuez comme cela : petit à petit les réunions deviendront la dernière solution à vos problèmes, pas la 1ère.

Ces idées pourront paraître provocantes pour des managers. Mais mettez-les en oeuvre et elles se révéleront payantes.

(merci à Jean-Jacques pour la trouvaille)

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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15 commentaires

  1.  » Dans cette vidéo d’une conférence TED (et sa retranscription en français)  » Je ne vois pas la retranscription en français

  2. Vincent, c’est le texte de l’article ce cette page, sous la vidéo. J’ai synthétisé et traduit l’intervention de Jason.

  3. les échanges entre collègues dans l’agence sont énormément enrichissants. évidement on peut rencontrer un grand nombre de gens hors du bureau. L’esprit d’équipe, la cohésion de groupe stimulent les performances personnelles et la qualité globale du travail.

  4. C’est vrai mais on peut aussi échanger en ligne.

    Pour éviter l’isolement, il est bon de prévoir des réunions physiques. Pas forcément pour travailler mais pour entretenir le lien.

    L’idéal est de privilégier ces rencontres dans une ambiance conviviale comme un repas ensemble. Résultats garantis 😉

  5. tout à fait d’accord avec vous! l’echange en ligne est possible, mais la qualité dépend de contrainte technique( qualité de la ligne adsl pour la visio), les échanges en ligne sont plus construits et réfléchis à cause des traces écrites, à l’oral les flux d’échange sont plus spontanés. Les discutions orales ne perturbent pas toujours la productivité,je les trouve complémentaires.
    Merci pour votre point de vue et vos retours d’expérience.

  6. Ma première réaction à cette lecture a été, disons, un peu vive ;o)
    Après réflexion, je me dis que cette analyse manque de nuance, comme souvent avec ce qui nous vient des USA …
    Et je comprends que ça puisse faire écho dans la communauté du télétravail.
    Personnellement, mon métier est de rendre le travail au bureau plus vivable, et le plus amusant est que les valeurs que j’ai pour mission d’appliquer viennent également des USA ;o)
    Ces valeurs, ce sont les valeurs de l’agilité que vous pouvez trouver ici : http://agilemanifesto.org/iso/fr/
    Travaillant dans le domaine du développement logiciel depuis plusieurs années maintenant, les méthodes agiles et Scrum en particulier me semblent un bon antidote aux fléaux que ce monsieur décrit ici : de la communication en face à face pour limiter les incompréhensions, des équipes auto-organisées, des réunions timeboxées, une démarche d’amélioration continue, et l’humilité de dire que l’on n’est pas capable de résoudre tous les problèmes tout seul.

  7. Yann évidemment que cette présentation manque de nuance.

    Mais il faut reconnaître que le propos caricature à peine la vie de la plupart des entreprises.

    Qui est majoritaire dans le monde du travail ? Les entreprises agiles ou les entreprises chronophages ?

    De plus, on peut très bien pratiquer le travail collaboratif, en équipe ou pas, à distance.

    Pour compléter cette analyse, lire aussi cet article avec sa vidéo : http://www.zevillage.fr/2010/12/autonomie-et-horaires-libres-pour-motiver-les-salaries/

  8. pour moi, cette vision pêche sur quelques points :

    – tout le monde n’est pas capable d’être plus productif chez lui qu’au bureau. Il y a des gens qui ont besoin de « peer pressure » pour être efficace.

    – il y a des fonctions qui nécessite d’être physiquement sur place : je vois mal des employés d’un service commercial interne ou d’un service logistique travailler depuis chez eux … surtout quand je vois le nombre de fois où ils vont physiquement voir quelqu’un dans l’atelier/l’usine/le quai de chargement/ … pour régler un détail ou l’autre …

    – si tout le monde reste chez lui, on retombera vite dans le travers « les collègues me dérangent toutes les 15 minutes » : le collègue qui vient vous voir et vous dérange … vous téléphonera/vous skypera/vous pokera sur le chat/vous enveraa un DM sur Yammer/ …. les causes de dérangements ne disparaitront pas, elles s’adapterons …

  9. @barthox : personne n’a jamais dit qu’il fallait passer 100 % du temps en télétravail. On est d’ailleurs très loin de cette extrêmité, surtout en France.

    L’intérêt des outils de travail collaboratifs c’est qu’ils sont non intrusifs, contrairement au téléphone ou au patron/collègue qui entre dans le bureau.

    Chez moi, les seuls éléments intrusifs sont le chat qui veut entrer au bureau ou le facteur qui arrive. Deux plaisirs.

  10. Ce que je voulais dire c’est que la personne qui te dérange aujourd’hui au bureau, c’est quand même parce que tu détiens une info / une réponse dont elle a besoin pour avancer dans son projet ou son travail régulier… donc demain, cette personne devra (et arrivera à) te déranger chez toi (ou où que tu sois) sans quoi elle sera bloquée et cela n’est pas acceptable pour elle (et pour son responsable).

    Je ne suis pas contre le télétravail, mais je trouve qu’il est important de tempérer et de ne pas systématiquement le proposer comme la solution miracle à une certaine « non productivité » due aux dérangements intempestifs … cette « non productivité » est quelque part inhérente à un fonctionnement en groupe et à ce titre elle fait partie des coûts de l’entreprise …

  11. Excellent article.
    je suis tout a fait d’accord, entre le collègue qui raconte ses vacances, les téléphones, les réunions…on est submergé par les informations au détriment des temps de concentration et d’analyse, bref des temps de travail productif.
    D’ailleurs beaucoup de cadres, quand il doivent se concentrer viennent le matin très tôt ou le soir très tard, bref, quand il n’y a personne !
    Le télétravail peut également être une bonne solution.
    Mais les entreprises sont elles prêtes ? Pas si sur…

  12. Le présenteisme est le seul élément pris en compte pour juger de la qualité des salariés. Hors des salariés qui gère leurs horaires sont plus productifs et plus libres.

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