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Pourquoi ont-ils tué les autoentrepreneurs ?

Selon les chiffres de septembre de l’INSEE diffusés par la Fédération des autoentrepreneurs, la tendance à l’effondrement du nombre d’inscriptions au régime d’auto-entrepreneurs se confirme : – 23,5% en 9 mois ! Une catastrophe qui s’explique par une conjonction de faits.

Assassinat de Jules Cesar, tableau de Camuccini

A découvrir une telle baisse, on pourrait se dire que depuis sa création, il y a 7 ans, le régime d’auto-entrepreneur se tasse progressivement. Or la chute est brutale depuis l’entrée en application de la loi Pinel au 1er janvier 2015. Et, comme par hasard, principalement dans les secteurs du commerce et du bâtiment dans lesquels le corporatisme et le lobbying anti-autoentrepreneurs est le plus actif.

Lobbying contre auto-entrepreneurs

Ce n’est pas un secret, les organisations syndicales du bâtiment sont vent debout contre le régime des autoentrepreneurs depuis sa naissance. Hervé Novelli, ancien ministre et inventeur de ce régime de création d’entreprise, accusait même directement le corporatisme de la Capeb. La réaction à l’innovation est toujours la même dans les syndicats professionnels menacés par une uberisation : le protectionnisme et le statu quo plutôt que l’évolution.

Pas de chance pour la création d’entreprise, les lobbies ont profité de l’oreille très attentive de la ministre Sylvia Pinel. Or, comme le révélait l’Opinion, elle-ci travaille dans une grande proximité avec son mentor, le radical Jean-Michel Baylet dont elle a été chef de cabinet.

Selon le quotidien, les autoentrepreneurs ont simplement été victime de la cuisine politicienne : le parti radical de gauche négociait son soutien au gouvernement, ce n’était pas le moment de fâcher son président. « Dans le cas présent malheureusement, le souci de « synthèse » des gauches est une nouvelle fois venu brouiller la ligne politique à Bercy. Les auto-entrepreneurs en payent le prix fort« .

Philosophie anti-indépendants

J’aime l’entreprise… Ce n’est qu’un slogan – qui ne coûte pas cher – mais qui en réalité ne correspond pas à la vision véritable de la classe politique. Dans sa grande majorité, elle a de l’entreprise et de l’entrepreneuriat une vision livresque et théorique. Voire, parfois, complètement hostile par idéologie.

De plus, une bonne partie du personnel politique pense l’économie autour de la grande entreprise et du salariat. L’indépendant, la petite entreprise n’existent pas dans leur univers. D’autant moins que, par nature, les petites entreprises ne sont pas regroupées en syndicats professionnels et n’ont pas de lobbies pour les défendre.

Or comme l’expliquait récemment dans les Echos Grégoire Leclercq, président de la Fédération des autoentrepreneurs, « le salariat n’est plus la forme optimale du travail pour les entreprises ni pour ses collaborateurs. Il est même oublié pour la grande population des demandeurs d’emploi qui ont pensé pouvoir retrouver un « salaire » avant de réaliser qu’ils pouvaient chercher un « revenu ».

Logique administrative

En France, l’emploi public représente 1 salarié sur 4 (PDF). Et que font ces fonctionnaires très nombreux ? Ils administrent, contrôlent, normalisent, appliquent les innombrables lois et règlements votés par des parlementaires eux-mêmes majoritairement fonctionnaires. C’est le règne de la quantité, pas de la qualité.

Pas étonnant donc que depuis le 1er janvier 2015 la loi Pinel complique la création de l’auto-entreprise et la vie des autoentrepeneurs. Cette loi a introduit l’obligation d’immatriculation des auto-entreprises au Registre du commerce ou au Registre des métiers. Bienvenue pour une partie d’entre eux dans le monde ubuesque du RSI, le contesté Régime social des indépendants.

Et que dire du zèle et du dogmatisme de l’URSSAF qui considère les autoentrepreneurs comme des travailleurs dissimulés ?

Le statut d’autoentrepreneur a été crée pour donner de la flexibilité et apporter de la simplicité à la création d’entreprise. La logique du fonctionnaire a repris le dessus. Un choc de complexification qui a de quoi engendrer des phobies administratives…

 

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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4 commentaires

  1. L’avenir est l’indépendance, travaillant pour beaucoup d’auto entrepreneur, j’ai vu bons nombres de personne s’en sortir par ce biais (et un bon référencement web dont je m »occupe), y compris des gens au RSA qui touchent désormais plus de 1000 € net / mois « sans patron sur le dos » … mais même si le nombre d’AE devait diminuer, d’autres solutions existent comme les Coops (Perspective ici à Perpignan) ou encore le site de paiement en ligne créé à Toulouse, Payname, qui s’occupe directement des cotisations sociales et permet à quiconque de facturer des prestations … Bref quoi qu’en disent les lobbys l’avenir est en marche !

  2. A bon ? Cela serait à cause de la loi Pinel ?
    Je verrais d’autres raisons :
    – Pourquoi prendre un indépendant , puisqu’il existe déjà, aujourd’hui, les contrats de missions ?
    – Pourquoi prendre un indépendant , si comme cela est espéré par certains , si le contrat de travail de tous les salariés devient plus flexible ? (==> la
    ==> donc de fait , la fonction d’indép , sera concurrencé , par le salarié plus flexible …

  3. Hello Xavier,
    Ce n’est pas gentil 😉 mais c’est surtout contre productif de parler de « mort des auto-entrepreneurs » puisque nous les avons, après un âpre combat, tout de même sauvés du pire (interdiction d’exercer plus de deux ans et divisions des palafonds par deux) et, SURTOUT, aujourd’hui, il convient de relancer ce régime qui, pour toutes les bonnes raisons invoquées et d’autres encores plus importantes, doit être développé.

    Avec notre action Entreprenez Votre Vie à Reims ! BBZ que tu dois suivre, nous sommes en train de montrer un chemin pour développer ce régime et le rendre utile pour tous.

    Soit positif ami Normand et à très vite !

    A

  4. Oui le titre est provocateur 😉 Ils ne sont pas mort mais pas du tout à l’abri de nouveaux « assauts ». Il n’y a qu’à écouter les propos récents de Nicolas Sarkozy… Ou le sort que leur réserve l’Urssaf ou le RSI, comme à tous les entrepreneurs d’ailleurs.

    Ne pas s’endormir parce la dernière bataille a été gagnée.

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