Télétravail

Télétravail : les Français y deviennent accro grâce à la grève

Microsoft France vient de publier les résultats d’une enquête réalisée par Opinion Way sur le télétravail et les grèves (voir les résultats en bas de page). Bonne nouvelle, en très grande majorité les primo-télétravailleurs aimeraient continuer à télétravailler après la crise de la grève, et probablement celle du coronavirus. Nous avons donc interrogé Nadine Yahchouchi, directrice de l’entité Microsoft 365 chez Microsoft France, sur les résultats de cette étude.

Zevillage : Pourquoi avoir commandé cette enquête à Opinion Way ?
Nadine Yahchouchi : Très bonne question. En m’occupant des produits Microsoft 365, dont Teams, notre plateforme collaborative, j’ai noté chez nos clients de plus en plus d’engouement pour les plateformes collaboratives ainsi qu’une culture et une digitalisation des entreprises qui changeait. Et à la suite des grèves, on se disait que cela serait très intéressant aussi d’avoir l’opinion des employés, des actifs français, pour confirmer ou non cette tendance et s’assurer que c’était une réalité.

Et nous avons été très confortés dans notre intuition, avec plusieurs surprises. La première, c’était vraiment ces 42% des télétravailleurs pendant les grèves qui étaient des nouveaux télétravailleurs. J’ai été très surprise de voir cette accélération, cette confirmation de la pratique du télétravail. Et très agréablement surprise de constater que la quasi-totalité des télétravailleurs (93%) et des primo-télétravailleurs (91%) avait d’ailleurs bien l’intention de continuer à télétravailler par la suite !

On s’est aussi aperçu que 80% des salariés qui avaient télétravaillé pour la première fois lors des grèves étaient déjà équipés d’outils collaboratifs (même s’ils ne les utilisaient pas auparavant). Ce qui montre bien que ce sont ces entreprises qui étaient les mieux préparées à offrir du télétravail à des personnes qui en avaient besoin en fonction de la situation, comme on l’a vu lors des grèves.

Les grèves ont permis à de nombreux actifs français de découvrir, pour la première fois, le télétravailet d’explorer toutes les possibilités offertes par les outils technologiques.

Nadine Yahchouchi Microsoft
Nadine Yahchouchi, directrice de l’entité Microsoft 365 chez Microsoft France

Zevillage : Dans votre étude on voit que les femmes étaient nettement plus nombreuses à télétravailler que les hommes pendant les grèves. Pourquoi selon vous ?
Nadine Yahchouchi : Il y a plusieurs raisons. Mais je pense que la plus évidente est la généralisation du télétravail. On pensait qu’il était réservé à une certaine catégorie de personnels, majoritairement des cadres. Or, ce que l’on voit, c’est que le télétravail n’est plus réservé à des managers et qu’il se généralise. Et donc qu’il touche une plus grande partie de la population féminine qui a vraiment profité des grèves, si je puis dire, pour faire du télétravail.

Zevillage : Quel est l’outil le plus important pour télétravailler ? Le téléphone ? Un logiciel de messagerie instantanée ?
Nadine Yahchouchi 
: Je pense que la messagerie instantanée a vraiment changé la donne dans un premier temps. Elle reprend les codes du digital et les usages personnels d’une génération peut être plus jeune.

L’autre outil, je le pense vraiment, ce sont les plateformes de travail collaboratif qui on vraiment changé la donne dans le sens où elles ont recréé les équipes de manière virtuelle et ont donc maintenu le lien entre les managers et les collaborateurs comme au bureau.

C’est important et l’on retrouve le même phénomène dans une étude de Microsoft de 2019, Work.Reworked : la collaboration entre salariés ou avec l’extérieur – notamment grâce aux outils collaboratifs -, est clé dans la mise en œuvre d’une culture d’entreprise innovante.

Zevillage : En dehors des outils nécessaires au travail à distance, votre étude pointe le rôle primordial de la confiance dans la relation entreprise-salarié. Pourquoi selon vous ?
Nadine Yahchouchi : Je pense que les outils sont là pour accompagner les entreprises dans un changement culturel fondé sur beaucoup d’autonomie de responsabilité pour pouvoir être beaucoup plus agile et flexible. Et cette autonomie, cette flexibilité ne sont pas possibles sans la confiance des équipes et des managers.

Zevillage : On sait que le télétravail habituellement en entreprise est organisé, prévu. Là, avec les grèves ou le coronavirus on se retrouve avec des télétravailleurs qui sont un peu forcés. Il y en a beaucoup qui n’ont rien demandé, qui se retrouvent à travailler chez eux. Alors, qu’est ce que vous donneriez comme conseils pour que ça se passe bien ?
Nadine Yahchouchi : Le télétravail chez Microsoft est quelque chose que l’on pratique, il est dans notre culture et il fait partie de notre ADN depuis quelques années.

Quand on a décidé de faciliter ce travail à distance, on a mis en place un véritable accompagnement de l’entreprise autour de quatre axes pertinents pour nous.

Le premier de nos quatre piliers est la responsabilité, qui implique que chaque collaborateur doit veiller à ne pas pénaliser la disponibilité du client ou le fonctionnement collectif. Le deuxième pilier c’est la validation du manager, le fait d’être sûr d’avoir une discussion préalable avec son manager. Le troisième pilier est le partage de sa disponibilité. Si on est à distance, on est moins visible, on doit donc mieux communiquer pour afficher sa disponibilité. Enfin, le quatrième pilier est l’équilibre. Un bon équilibre dans son rythme de travail mais aussi dans son temps de présence entre le site de l’entreprise et son temps à distance.

Ce que je donnerai donc aux entreprises comme conseil, c’est de trouver aussi leurs piliers culturels en lien avec leurs valeurs.

Zevillage : Oui mais vous êtes une entreprise technologique, vous étiez culturellement prêts pour le télétravail. Mais qu’est ce que cela peut donner quand une entreprise se retrouve brutalement confrontée à la mise en place du télétravail avec la crise du coronavirus ou avec les grèves ?
Nadine Yahchouchi : Ce que je peux vous dire, c’est un retour de témoignages de nos clients et pas du sondage. On a vu beaucoup d’employés qui disaient : « On est passés au télétravail et au travail à distance et on a conservé la continuité du travail ». C’est très positif.

Je pense que ce qui ressort de cela, c’est qu’en fait, ce sont des personnes qui avaient les outils, mais qui ne les utilisaient pas et qui n’en voyaient pas forcément l’intérêt parce qu’ils ne pratiquaient pas le télétravail. D’être obligés de passer en télétravail à cause des grèves, du coronavirus ou, il y a deux ans, des épisodes neigeux les a obligés à se servir des outils.

Ce que je dirai aussi aux entreprises c’est surtout d’accompagner leurs collaborateurs dans la mise en place de ces outils de travail à distance, d’expliquer leur fonctionnement et leurs usages.

Résultats de l’enquête réalisée par Microsoft-France en partenariat avec l’institut Opinion Way

Accélération de la pratique du télétravail chez les actifs français

A l’occasion des grèves de décembre et de janvier, de nombreux Français ont découvert la pratique du télétravail :

  • 36% des actifs français ont ainsi télétravaillé pendant les grèves de décembre et de janvier; chez les moins de 35 ans, cette proportion est encore plus élevée avec 1 actif sur 2 qui a télétravaillé
  • 42% des télétravailleurs sur la période ont découvert cette pratique pour la première fois.

Le télétravail n’est désormais plus réservé aux grandes entreprises : on dénombre aujourd’hui 51% de télétravailleurs parmi les entreprises de moins de 2 000 salariés et 42% pour celles de plus de 2000 salariés.

On constate également une accélération du télétravail chez les femmes qui étaient 49% à le pratiquer pour la première fois (contre 34% chez les hommes).

Une expérience facilitée par les outils technologiques

Si les primo-télétravailleurs ont découvert l’importance des outils technologiques lors des récentes grèves, ils semblent également être les mieux outillés.

Ainsi, 86% des primo-télétravailleurs bénéficiaient d’un logiciel de messagerie instantanée (contre 63% des actifs français) et 60% l’ont jugé utile pour le télétravail.

Deuxième outil le plus utile aux primo-télétravailleurs : la plateforme de travail collaborative. 80% en bénéficiaient et 56% l’ont jugée utile à leur télétravail.

Au même titre que les services de vidéo-conférence, dont bénéficiaient plus de 8 primo-télétravailleurs sur 10 (83%) qui les ont jugés utiles pour 55% d’entre eux.

Véritable facteur de succès du télétravail pendant les grèves, les outils technologiques sont plébiscités par les actifs français qui ont travaillé à distance, en ce qu’ils :

  • ont permis de maintenir le lien avec leur manager et leur équipe (90% le pensent dont 43% « tout à fait »), comme avec leurs clients et fournisseurs (pour 84%) et donc de continuer à travailler en équipe comme au bureau (pour 88% dont 37% « tout à fait »)
  • ont permis aux actifs français de mieux gérer leur rythme de travail pour 86% d’entre eux, et de ne pas se sentir isolé (79%).

Au-delà des grèves, le télétravail, une pratique qui tend à s’ancrer dans le quotidien des actifs français

La quasi-totalité des télétravailleurs et primo-télétravailleurs a d’ailleurs bien l’intention de continuer à télétravailler à l’avenir (93% au total et 91% des primo-télétravailleurs).

Amenés à identifier les principales raisons leur permettant de le faire, les actifs français, pour la moitié d’entre eux, citent prioritairement les outils technologiques qui sont à leur disposition (51%) et la confiance de leur manager (44%) qui apparaît comme un élément clé. Le niveau de responsabilités est également un facilitateur (34%).

Mais les Français voient aussi une autre raison au fait de poursuivre le télétravail à l’avenir : leur plus grande productivité (39%).

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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