Télétravail

Les vrais chiffres du télétravail en France

Les chiffres du télétravail en France sont un indicateur qui résume facilement l’état du télétravail dans notre pays. Il permet de situer la France dans des comparaisons internationales et de témoigner du retard français, si l’on en juge par les chiffres couramment avancés. La Fance serait en retard pour le télétravail ? Pas vraiment avec une réalité cachée de 17% de télétravailleurs.

Les études sur le télétravail ne manquent pas ni les comparatifs internationaux. Alors, comment s’y retrouver ? La société LBMG Worklabs a réalisé une méta-analyse des chiffres du télétravail à partir des études publiées dans la décennie 2000-2010 qui remet de l’ordre dans les données disponibles.

De quoi parle-t-on ?

Les études sur le télétravail sont nombreuses : SIBIS en 2002, la DARES en 2004 et 2008, Gartner en 2005 et 2007, Eurofund en 2005,  CAS en 2009, CGIET en 2010. L’évaluation du fameux retard français repose par exemple sur les chiffres de l’étude Gartner (reprise ensuite) de 2007. Des données vieilles de 6 ans déjà et qui ne traduisent plus la réalité.

Travaux auxquels il faut ajouter des enquêtes plus sectorielles portant sur un nombre limité d’entreprises, sur un territoire ou dans un secteur d’activité précis : régions Aquitaine, Massif central ou Bretagne, départements de Seine-et-Marne et des Hauts-de-Seine, AOS, Citrix, Observatoire de la parentalité, Nouvelles parisiennes, Astra, Greenworking, IDC, Micorosoft… Avec des résultats du nombre de télétravailleurs situés dans une fourchette de 12 à 40%  !

La méthode de recueil des données est importante à connaître pour comparer des choses comparables dans toutes ces études et enquêtes. La taille de l’échantillon (parfois seulement quelques centaines de télétravailleurs), la fraîcheur des chiffres (la situation évolue vite), les populations étudiées (salariés, indépendants, fonctionnaires, de qui parle-t-on ?), le rythme du télétravail (1/2 journée par mois ou une journée par semaine ?) varient parfois d’une étude à l’autre.

Pour analyser efficacement les données disponibles, il convient aussi de préciser une définition commune du télétravail. Afin d’assurer une cohérence dans les chiffres, la société LBMG Worklabs a, dans sa méta-analyse, défini un dénominateur commun à toutes les études de la décennie 2000-2010 :

  • le lieu : en dehors du bureau habituel
  • le rythme : au moins 1 journée par semaine
  • les types : télétravail formalisé + télétravail informel + sans bureau fixe.

Sont inclus dans cette dernière catégorie des « sans bureaux fixes » :

  • les  « itinérants » (527 000 attachés commerciaux et représentants en France selon la DARES 2008)
  • les « mobiles » (consultants…) utilisant régulièrement leur domicile ou un tiers-lieux
  • les indépendants, auto-entrepreneurs, freelance utilisant régulièrement leur domicile ou un tiers-lieux.

De la méthode

Pour arriver au chiffre de 17% de télétravailleurs (16,7% pour être précis dont 14,2 % pour les seuls salariés du privé et du public) dans la population active française, la méta-analyse de LBMG Worklabs a utilisé la méthode suivante :

  • découpage de la population active en 4 segments : salariés (établissements 500+ salariés) / salariés (établiseements 500- salariés) / fonction publique / non-salariés, tout en ventilant géographiquement chacun de ces segments (Ile-de-France / Province), soit un total de 8 segments
  • définition pour chaque segment des taux moyens de « télétravail » (statutaire, informel, sans bureau fixe…) en croisant les chiffres issus des études existantes précitées.

Vrais ou faux chiffres du télétravail

Ce chiffre de 17% inclut évidemment des indépendants, des « faux télétravailleurs » si l’on s’en tient à la définition officielle du télétravail qui ne connait que les salariés. Mais même si l’on ne retient que les 14,2% de salariés en télétravail, ce chiffre traduit un décollage important.

Le télétravail, symptôme d’un changement de société

On peut corréler ce chiffre de télétravailleurs français, plus élevé que les chiffres souvent avancés, en observant le taux d’occupation des bureaux. Selon plusieurs études, 40% des bureaux seraient inoccupés en permanence. Et ces 40% de salariés ne sont pas tous en vacances ou en RTT…

Le télétravail est massif, c’est un phénomène de société qu’exprime aussi l’explosion du nombre de tiers-lieux, télécentres ou espaces de coworking : une centaine en France plus une autre centaine en projets, avec une forte croissance hors de Paris.

Ce chiffre de télétravaileurs devrait croître rapidement avec le coup de pouce symbolique de la loi sur le télétravail qui va obliger les entreprises à contractualiser le télétravail gris. Et aussi avec les expérimentations avancées dans les fonctions publiques territoriales et de l’Etat.

On peut donc tordre le coup au mythe du retard français en matière de télétravail. Le futur du travail, c’est maintenant !

(Ajout : le Commissariat à l’Egalité des territoires, CGET, arrive aux mêmes résultats que notre comptage).

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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