Freelance, l’avenir du travail ? Interview d’Antoine van den Broek de Mutinerie
Mutinerie, pionnier du coworking, organise le 16 mars une consacrée aux travailleurs indépendants, la Freelance Fair, soutenue par Zevillage. Entretien avec son président, Antoine van den Broek.
Zevillage : Après avoir proposé l’an dernier le cycle de conférence Human After All, Mutinerie lance cette année la Freelance Fair. Pourquoi cet intérêt pour le travail indépendant ?
Antoine van den Broek : C’est le sujet central de Mutinerie – comme notre nom le suggère. Notre moto porte toute notre ambition : libres ensembles, voici les deux pôles que nous tentons de concilier. Cela fait cinq ans que nous réfléchissons au phénomène à la lumière d’une expérience concrète de manager d’espace de coworking.
Par choix ou par nécessité, nous sommes de plus en plus nombreux à pratiquer un travail en tant qu’indépendant. Dans un contexte où nous avons du mal à créer de l’emploi, je pense qu’il est bon que se développent ces nouvelles formes de travail.
Le régime d’auto-entrepreneur a permis à beaucoup de personnes de lancer leur activité facilement, les coopératives d’activité et d’emplois proposent une autre solution à ces indépendants et les espaces de coworking, qui ont poussé comme des champignons ces cinq dernières années, offrent un cadre propice à ces freelances.
Nous pensons que le travail indépendant est une chance pour pouvoir s’accomplir dans son activité professionnelle mais nous voyons aussi toutes les difficultés auxquelles il faut faire face lorsque l’on se lance à son compte.
Nous avons conçu la Freelance Fair pour répondre aux problématiques concrètes de trois populations : les freelances bien-sûr mais aussi les aspirants-freelances et les organisations travaillant ou souhaitant travailler avec des freelances.
Chacun de ces groupes aura son parcours dédié. Au delà des aspects pratiques, nous en profitons pour prendre un peu de recul sur les mutations du travail et nous pensons que la Freelance Fair participera à l’émergence d’une véritable conscience collective chez ces freelances encore trop dispersés.
Zevillage : Que penses-tu de la condition des freelances dans notre pays ?
AVDB : Cela dépend vraiment des métiers. Certains sont courtisés et se retrouvent dans une position de force par rapport aux entreprises qui veulent les faire travailler. C’est le cas de certains développeurs et web-designers, d’experts du référencement ou du web marketing par exemple.
D’autres indépendants se retrouvent dans une situation beaucoup plus difficile : ils sont parfois utilisés comme une main d’oeuvre bon marché et interchangeable et n’ont aucune protection : les coursiers ou les chauffeurs VTC sont généralement dans ce cas de figure.
Une chose est sûre : les freelances sont de plus en plus nombreux et ils sont en général fiers de leur liberté. À juste titre. Le modèle social doit maintenant s’adapter à cette grande transformation pour que cette liberté soit encouragée et protégée.
Zevillage : Les pouvoirs publics ont essayé de favoriser l’accès au travail indépendant avec la création du statut d’auto-entrepreneur. On observe pourtant qu’il est régulièrement attaqué par les politiques et que la protection sociale des indépendants (le RSI) est une catastrophe. Des idées pour améliorer la condition des freelances dans notre pays ?
AVDB : Le travail salarié crée des droits qui protègent celui ou celle qui travaille. Le travail en freelance, non. Cela pose des questions relatives à la protection sociale, à l’accès au logement, à la formation professionnelle… des questions que nous aborderons lors de la plénières Sortez couvert et dans le cadre de plusieurs ateliers.
Pouvoir porter ses droits sociaux avec soi, les attacher aux personnes plutôt qu’aux postes irait dans le bon sens. Le CPA a été conçu autour de cette idée mais on ne sait pas encore ce que cela va donner en pratique.
Le régime du RSI reste encore souvent critiqué, malgré des progrès, les incompréhensions entre l’institution et les indépendants sont nombreuses et certains prônent un rapprochement avec le régime général comme c’est le cas, par exemple, en Suède où la protection sociale est financée par l’impôt…
Zevillage : Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer en freelance ?
AVDB : Entourez-vous bien ! Venez à Mutinerie.
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Retrouvez Zevillage à la Freelance Fair, le 16 mars 2017
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