Le très haut débit est indispensable pour aménager les campagnes
Jean-Pierre Jambes est géographe, maître de conférences à l’université de Pau. Il a été pendant 10 ans le chef du programme Pau Broadband Country, le projet de fibre optique pour tous de l’agglomération palloise. Il nous expose dans cet entretien les raisons pour lesquelles la France devrait se hâter de développer le très haut débit.
On subit aujourd’hui à la fois des problèmes de création d’activités économiques, de liens et de capacités à travailler ensemble et d’accès au services publics (strictement publics ou administrés par le privé). Pour ces 3 raisons, le très haut débit s’impose comme l’une des conditions d’invention d’un nouvel écosystème qui permettrait de travailler et de vivre où l’on veut et d’être considéré comme un citoyen à part entière qui pourrait utiliser des infrastructures numériques.
Pour Jean-Pierre Jambes, on n’a pas encore bien compris que les infrastructures numériques c’est aussi la manière de construire un espace public numérique à la mesure de l’espace public physique. Car on vit de plus en plus dans les 2 mondes. Ce que l’on est en train d’inventer, c’est le pendant numérique du village, de la ville, du territoire physique dans lequel on vit.
Cet espace numérique permet d’augmenter les services, d’en inventer de nouveaux, de mieux faire connaître l’existant, de rendre visibles des choses et de gens qui ne le sont pas dans le territoire physique.
Même si les infrastructures « très haut débit » tardent à se mettre en place, J.-P. Jambes est plutôt optimiste. En 10 ans, il a vu évoluer favorablement les mentalités, le cadre réglementaire et la politique des grands opérateurs. Mais il existe des points totalement oubliés comme la dimension de services (on parle surtout infrastructures et peu d’usages numériques).
Jean-Pierre se prononce également en faveur d’une approche locale des projets numériques. Pour lui, l’hyperproximité est une des pistes de création de nouveaux emplois. Une piste qui ne se développe pas à cause de l’absence de petits (proches) fournisseurs d’accès de services, ceux qui inventeraient des bouquets de services au-delà des sempiternelles offres triple play (Internet, téléphonie et télévision).
Aujourd’hui, les innovations sont nombreuses, des services existent mais il n’existe pas encore d’offre et chacun est obligé d’aller à la pêche aux services numériques.
Aller plus loin
Retrouvez Jean-Pierre Jambes sur son blog.
Des « campagnes intelligentes » peuvent largement contribuer au développement d’une industrie numérique française
http://websdugevaudan.wordpress.com/2011/12/04/les-reseaux-vont-ils-exploser/
Mais comment convaincre nos candidats à s’approprier cette « évidence »?
Pour l’instant le compte n’y est pas !
mais la ténacité d’un Béarnais et de quelques « amis » peuvent faire des miracles !
Merci à Xavier d’avoir mis ce petit interview en ligne. J’en profite donc pour vous poser une question simple sur laquelle je travaille pas mal pour la partie 1 d’un bouquin à venir.
pourquoi faut-il vraiment déployer des solutions Ftth / Ftto partout et pour tous ?
But convaincre et cesser ce consensus mou sur l’optique qui fait je jeu de l’immobilisme…. et qui cache en fait des dissensions profondes; extrait de mon texte « faut-il vraiment lancer maintenant un plan de déploiement très haut débit nécessitant la construction de nouvelles infrastructures fibre optique pour des montants d’investissement estimés autour de 20 à 30 milliards d’euros ? Ne peut-on pas différer ce projet en laissant le DSL assurer encore les indispensables accès au Web ? Ne serait-il pas à la rigueur suffisant de « pousser » la fibre un peu plus proche des abonnés ? A-t-on en fait vraiment besoin d’équiper chaque logement et chaque entreprise d’une ou de deux fibres optiques ? Ce type de questions se retrouve de manière plus ou moins implicite dans nombre de débats. Il laisse planer autant de doutes quant à l’intérêt du projet. Il sert de terreau aux défenseurs de l’ADSL et à tous ceux qui, parfois d’ailleurs en défendant de manière incantatoire le très haut débit, agissent dans les faits pour au mieux donner du temps au temps… Ce sont donc des interrogations premières ; les réponses ne s’imposent d’ailleurs pas d’évidence. Aussi serait-il faux de se contenter de l’actuel consensus, sans doute trop flou, en faveur du très haut débit en pensant qu’il suffira à emporter les décisions et à convaincre tous ceux qui doivent l’être. »
L’hypothèse que je défend à cette heure est schématiquement la suivante :
pas de killer app mais des infra indispensables pour le web de demain fait de web ambiant,d’internet des objets, de solution image 3D, services E santé…bref pour le web partout et dans tout
Fibre infra indispensable aussi pour mobile
Ftth levier enfin de mise en place de services par-delà le monde des télécom (Smarts grids, domotique ++…)
Pourrai je avoir vos critiques et lumières ?