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La fin du salariat, vraiment ?

Le travail indépendant se développe à tel point que certains pronostiquent déjà la fin du salariat. Sans aller jusque-là, le monde du travail connaît des transformations profondes.

Source: www.la-croix.com

La fin du salariat (et même la fin du travail) est un sujet récurrent passionnant. Le salariat est récent, à peine deux siècles dans l’histoire de l’humanité.

Quand on l’a mis en place, le salariat était une innovation sociale émancipatrice. « Le salariat représente donc un énorme progrès historique pour le travail subordonné » explique Patrick Aulnas dans son article récent L’avenir du travail appartient-il au travailleur indépendant ? Une marche continue depuis le salariat, puis le servage.

Aujourd’hui, le salariat ne remplit plus ses promesses émancipatrices. Une régression décrite par Aunas – l’histoire récente n’a apporté que lourdeur, complexité et rigidité – allié à une forte exclusion d’actifs de ce statuts du salariat promettent de beaux jours aux formes alternatives de travail.

Si sort des statistiques les 9 millions de chômeurs et d’allocataires du RSA exclut du monde protégé des salariés, on comprend l’évolution vers le travail indépendant.

Certes, les non-salariés ne représentent que 10% des salariés, la tendance vers l’indépendance n’est plus marginale. Mais attention à ne pas idéaliser, en France, les travailleurs indépendants sont toujours très minoritaires même si l’on constate une augmentation récente.

Lors de l’étape du Tour de France du télétravail à Lille en 2015, Valérie Peugeot, sociologue pour Orange labs et vice-présidente du Conseil national du numérique nuançait cette situation :

«  Il ya toute une série de phénomènes qui convergent et qui semblent nous dire – je dis bien qu’ils semblent nous dire – que le champ de l’emploi salarié est en train de se rétrécir au profit du travail indépendant, quelle que soit la forme juridique que prend ce travail indépendant qu’on soit auto-entrepreneur ou autre.

Mais attention, il ya tout un discours en ce moment qui laisse à penser que ça explose. Or, quand vous regardez les chiffres, en France le travail indépendant a diminué jusqu’en 2012. L’augmentation est relativement récente et aujourd’hui on est à deux millions et demi de travailleurs indépendants sous toutes les formes, enfin hors salariat on va dire. Alors que la population active encore de 22 26 millions donc voilà il faut quand même regarder les proportions : le salariat reste le modèle dominant.

Il ya des pays où c’est plus plus fort, comme les Pays-Bas par exemple il ya beaucoup plus de travailleurs indépendants, sans parler des Etats-Unis où c’est où le phénomène est massif et où cela a crû de façon très très rapide et exponentielle.

Pour revenir à la question du numérique qu’est ce qu’on observe? On observe des phénomènes d’externalisation qui sont pas nouveaux. La mondialisation a été un premier facteur d’accélération de l’externalisation et le numérique est un facilitateur d’externalisation. Vraiment, pourquoi embaucher des gens alors vous pouvez très bien travailler à distance avec eux, vous organiser sans qu’ils soient présents dans l’entreprise.

Paralèllement, on voit aussi des aspirations différentes émerger il ya de plus de jeunes qui travaillent en mode numérique. Et il y a plus de gens qui disent « Moi le travail dans l’entreprise avec son côté bureaucratique ces contraintes le management je n’en veux plus. J’aspire à une forme d’autonomie, d’indépendance, de construction du sens de mon travail et donc je suis plus heureux dans le travail indépendant« .

Ce n’est pas du tout le discours majoritaire mais il existe et on est bien obligé de le prendre en compte et de l’entendre. »

Xavier de Mazenod

Fondateur de la société Adverbe spécialisée dans la transition numérique des entreprises et éditeur de Zevillage.

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