Comment grandir quand on est une organisation décentralisée : Happy dev 3/3
Nous publions cette semaine le 3e article sur Happy dev, l’entreprise-fédération de collectifs de freelances. Une dernière question : Comment grandir quand on est une organisation décentralisée ?
Nous constatons que le monde du travail a évolué de manière insatisfaisante au cours des dernières décennies et échoue à construire une société harmonieuse.
Chez Happy Dev, nous pensons que croître de manière décentralisée est la meilleure manière de bâtir une organisation internationale qui reste au service de ses acteurs. Centraliser le pouvoir et l’investissement nous amènerait à reproduire les écueils que nous dénonçons.
Pour éviter cette centralisation, il faut limiter les verrous sur l’organisation, et donner aux nouveaux entrants les mêmes opportunités qu’aux premiers arrivés : laisser chacun occuper la place qu’il souhaite sans avoir besoin de demander l’autorisation.
Mêmes opportunités pour tous
Cela nécessite de limiter l’investissement initial, car cet investissement implique une rémunération du capital qui bride l’implication des nouveaux arrivants qui n’y ont pas accès. Il est nécessaire d’activer des leviers de croissance communautaires et d’exclure le versement de dividendes en faveur des premiers arrivés.
Pour que les plus anciens ne s’estiment pas lésés face aux nouveaux qui bénéficient du réseau, nous devons éviter les activités non-rémunérées. Ainsi chacun est payé pour le travail qu’il a fourni.
Donner aux nouveaux entrants les mêmes opportunités que ceux qu’ils rejoignent, c’est leur permettre de s’impliquer autant qu’ils le souhaitent et d’oeuvrer à l’épanouissement du réseau.
Pour maximiser les contributions, le réseau doit être la réunion de collectifs de petite taille, totalement autonomes, qui choisissent de s’équiper d’outils communs qui leurs permettent d’avoir la force du nombre lorsque c’est nécessaire.
Organisation décentralisée : taille humaine et agilité
Ces collectifs doivent conserver une taille humaine afin de rester agiles et réactifs, et les outils qu’ils mutualisent sont notamment une marque, un soutien juridique, des outils financiers ou informatiques comme un chat ou un annuaire des membres.
Animer la communauté et permettre l’autonomisation des membres, par exemple en facilitant leur montée en compétences, devient alors indispensable pour que le modèle fonctionne. Une communauté, c’est un ensemble de personnes réunies autour d’objectifs et de valeurs communes.
Pour structurer notre projet et le faire grandir rapidement, nous devons afficher nos ambitions, clamer haut et fort les valeurs de notre manifeste et toujours faire le maximum pour les respecter. Nous devons considérer les collectifs du réseau comme des biens communs ouverts, conçus pour être utilisés par n’importe quelle personne qui en respecterait les valeurs et les règles.
Chaque entreprise doit être gérée comme une structure horizontale, sans subordination de ses membres, laissant à chacun la possibilité d’y construire la vie professionnelle à laquelle il aspire.
Grandir et s’épanouir dans son travail
Respecter ces principes permet à chaque personne de s’épanouir dans son travail. Cela permet à la communauté d’être plus forte et de grandir plus vite. Nous bénéficions alors de plus d’investissement en temps et en argent car chacun est incité à y investir pour créer l’activité qu’il souhaite.
Cet investissement décentralisé va surpasser l’investissement centralisé auquel nous renonçons. L’engagement des membres s’en trouve renforcé, et la prise de décision décentralisée permet de limiter les énergies perdues dans la comédie administrative bien souvent associée à la grande entreprise.
Construire une entreprise de grande taille qui nous permette de vivre notre vie professionnelle en harmonie avec nos aspirations nécessite une organisation particulière, avec moins de pouvoir personnel et d’investissement initial.
Ce modèle bénéficie, comme effet de levier, des contributions de tous. Il nous permet de construire une entreprise solide et puissante, sur laquelle nous gardons le contrôle et dans laquelle il fait bon vivre.
Nous ne sommes qu’au début du chemin et ce texte présente notre vision de l’entreprise du XXIe siècle. Sa réalisation s’effectue au quotidien par petites avancées concrètes, et nous vous invitons à la vivre avec nous.
Voir le 1er article : Pourquoi Happy dev ?
Voir le 2e article : Grandir sans recentraliser
(Photo : Annie Spratt)