Télétravail

Le télétravail va-t-il révolutionner l’urbanisme ?

Fini les bouchons matinaux, les heures à attendre un métro en grève, les pieds gelés, entassés sur un quai qui sent l’urine. Avec l’avènement du télétravail, la ville devrait pouvoir respirer à nouveau.

Ville nouvelle-ville ancienne

Avec une connectivité de plus en plus omniprésente et d’une qualité toujours croissante, le monde est désormais à portée de main. Si Internet a bouleversé nos habitudes de consommation et de socialisation, il est en passe de révolutionner le monde du travail. Voici comment et pourquoi.

Acheter ou vendre sur un site d’e-commerce, enseigner ou apprendre via une plateforme d’e-learning, donner une consultation psy sur Skype, faire la comptabilité d’une entreprise, sans compter tous les métiers du web, il est désormais possible de pratiquer de nombreuses activités sans avoir à quitter son fauteuil.

Et le télétravail n’est pas réservé aux seuls auto-entrepreneurs. De nombreuses entreprises s’y intéressent pour leurs employés. En plus de diminuer le stress au bureau, il est un bon moyen pour l’employeur de réduire les remboursements de transports et de limiter l’impact des perturbations liées aux intempéries, aux grèves ou encore aux traditionnels incidents mécaniques en heures de pointes.

De nouveaux modes de vie

Mais « télétravailler », c’est avant tout regagner sa liberté géographique. Et c’est là qu’est la véritable révolution. Outre les nomades digitaux qui parcourent le monde, MacBook sur le dos, en gérant leurs clients depuis une auberge de jeunesse ou la terrasse d’un café, travailler à distance est également l’occasion de choisir où l’on veut vivre, plutôt que de subir la dictature de la ligne tracée par les arrêts du métro menant à votre bureau.

Certains « délocalisés volontaires » ont déjà quitté leur pays d’origine pour améliorer leur niveau de vie en résidant dans un pays à moindre coût. D’autres décident de leur lieu de vie en fonction de leurs envies. Vivre au bord de la mer, au milieu des champs, auprès de votre famille ou de vos amis, tout cela ne sera bientôt plus dicté par votre vie professionnelle mais pourra être choisi.

Un urbanisme 2.0

L’urbanisme tout entier de nos villes et de nos campagnes étant basé sur nos modes de travail, il pourrait se trouver complètement chamboulé d’ici quelques décennies. La France par exemple, est un pays très centralisé. Politiquement, économiquement, culturellement, tout ou presque se situe dans les grandes villes, et plus particulièrement à Paris.

Tout est fondé sur ce besoin de se rendre là où est le travail, là où sont les universités, à commencer par les logements, leur concentration, leurs prix, puis viennent les infrastructures de transports collectifs ou individuels, les routes, les péages, les métros, les trains, permettant aux salariés de se rendre quotidiennement d’une zone d’habitation à prix raisonnable à un centre d’activité économique pour leur journée de labeur, ou dans un lieu de consommation pour faire des courses ou du shopping le week-end. Ce monde est en train d’évoluer.

Les modifications déjà opérées sur nos modes de consommation vont peu à peu se propager dans le monde du travail.

Dans le monde de demain, tout le monde fera certainement ses courses sur Internet. C’est d’ailleurs peut être votre réfrigérateur intelligent qui passera commande à votre place. Vous pourrez travailler ou étudier en ligne, depuis chez vous ou le café du coin, vos réunions se tiendront sur Skype. Personne ne vous volera votre agrafeuse. D’ailleurs une agrafeuse pour quoi faire ? Inutile d’acheter du papier puisque tout votre travail sera dématérialisé. Dans ces conditions, la ville telle que nous la connaissons deviendra caduque.

Nul besoin de dépenser une fortune pour avoir un accès rapide à son lieu de travail ou à un supermarché. Le télétravail pourrait bien changer le visage de nos villes. Espérons que cela se fasse au service de l’humain…

(Photo : José Sàez)

Adrien Coron

Adrien Coron est rédacteur web.

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3 commentaires

  1. Bonjour,
    très bon article qui reprend bien l’air du temps
    L’Etat aide fortement les entreprises à déployer la FTTH sur tout le territoire, et c’est une très bonne chose
    le télétravail est une réalité déjà pour quelques entreprises innovantes, mais nous sommes persuadés qu’il va se développer énormément.
    Les impacts sur l’urbanisme sont probablement inimaginables car en cascade.
    Les territoires ruraux deviendront de nouveau très attractifs
    bonne continuation

  2. Bonjour,
    Question intéressante en intitulé d’article qui ouvre plusieurs perspectives en matière d’aménagement du territoire (et laissons de côté ici les autres enjeux, à commencer par ceux liés au fonctionnement de l’entreprise).
    La mise en oeuvre des schémas d’aménagement numérique (des départements – SDAN, ou des régions – SCORAN) suscite de nombreux débats lors de leur intégration dans les documents d’urbanisme (SCOT, PLUi, SRADDET à venir…) dès que l’approche ne se concentre pas sur le déploiement des seules infrastructures (fibre, satellite…), mais bel et bien sur les usages numériques actuels et futurs.

    Le télétravail trouve sa place dans les échanges avec toute la difficulté à appréhender les multiples formes prises par le travail à distance : à domicile, dans un tiers-lieux type espace de coworking, en nomade… A cela, l’approche urbanistique cherche à répondre à plusieurs questions : quelles conséquences sur les mobilités domicile-travail ? où aménager des surfaces de bureaux et de quelles manières ? quels services associer à proximité d’un espace dédié au télétravail ?…

    A chaque territoire ses réponses… toute la difficulté réside dans cette capacité locale à y répondre pour faciliter le télétravail. Pour qu’un territoire (urbain, rural ou périurbain) réussisse à être attractif, l’animation locale est déterminante, la place de la communauté d’utilisateurs est à révéler dans une approche qui bouscule les modes habituels de représentation. Pour que le télétravail participe à l’attractivité de nos territoires, à nous de faciliter les conditions de sa mise en oeuvre dans chacun de nos contextes, de co-construire (avec les décideurs) les réponses à ces questions d’urbanisme 😉

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