Les freelances dans les grandes entreprises, la nouvelle norme ?
Une étude réalisée par Malt souligne l’intégration de plus en plus naturelle des profils freelances dans les grandes entreprises.
Freelances et grandes entreprises, ça matche !
Recensant pas moins de 70 000 freelances (âge moyen : 35 ans), cette étude publiée par Malt (ex-Hopwork) permet de se faire une idée un peu plus précise de l’implantation des travailleurs nomades au sein des entreprises. Et plus précisément des entreprises du CAC 40.
Parmi elles figure par exemple Orange, qui travaille de manière quotidienne avec 486 travailleurs indépendants. Juste derrière, nous retrouvons BNP, qui collabore jour après jour avec 307 freelances. Viennent ensuite Publicis (294 indépendants), Société Générale (233), Capgemini (193), Bouygues (167), Axa (162), Atos (137), PSA (128) et Carrefour (127).
Rien de bien étonnant pour Vincent Huguet (le CEO de Malt), qui rappelle que si « les freelances travaillent depuis longtemps avec les « grands comptes » », il n’empêche que « ces entreprises n’ont plus le choix que de savoir travailler avec les freelances pour travailler avec les meilleurs ». Et d’ajouter : « Il y a aussi en parallèle une prise de conscience que les freelances sont déjà au sein de leurs organisations mais cachés derrière un monde opaque d’intermédiaires. »
En réalité, il serait question pour les grandes entreprises de complètement repenser leur accès au talent, comme l’explique le même Vincent Huguet : « Sur un marché « pénurique », les talents, en particulier ceux des métiers du « digital » sont de plus en plus des perles rares. Le chômage dans la plupart de ces métiers, et surtout sur les localisations les plus recherchées, est pratiquement à zéro. Les grandes entreprises ne sont plus perçues comme le saint graal à la fin d’un parcours académique : les start-ups et le freelancing attirent de plus en plus ces talents. Ces entreprises qui autrefois passaient par des intermédiaires tels que les ESN et les agences pour trouver ces compétences, se rendent compte aujourd’hui qu’elles doivent apprendre à travailler avec des communautés de freelances. »
Pour autant, il serait inexact de croire que les freelances intégrant ces entreprises font le choix du remote. Bien au contraire, ils intègrent une équipe, un lieu de travail, et s’adaptent à la fois à un lieu de travail et à des horaires.
Ayant travaillé dans une grande entreprise, en collaboration avec des freelances, je ne suis pas tout à fait d’accord avec l’argument qui opposerait le principe de « talents » et celui du « statut ». Le recours au freelance dans les grandes entreprises n’est pas nécessairement qu’une affaire de recherche du « meilleur ». Cet argument fonctionne sur des compétences très spécifique que l’entreprise a du mal à trouver en interne, certes, mais il faut aussi avoir conscience que le recours aujourd’hui au freelance répond avant tout à un enjeu organisationnel dans les entreprises. La vision organisationnelle s’articule de plus en plus autour d’une idée simple : le personnel en interne (réduit) n’est plus là pour produire lui même, il est là pour assurer le pilotage d’un pool de compétences qu’il va chercher en externe. Cela ne signifie pas nécessairement que l’entreprise n’a pas le talent en interne, ou qu’elle aurait des difficultés à le trouver le candidat idéal si elle souhaitait embaucher. C’est véritablement un choix d’organisation.