L’intérim plus que jamais à l’épreuve du future of work
L’évolution du statut du travail est un point central du Future Of Work. Le développement de la « GIG economy » et l’explosion du statut de freelance obligent les acteurs de l’emploi à se repositionner. Adecco, leader de l’intérim est l’un des 1ers à se positionner, avec son service Yoss, comme plateforme d’intermédiation entre les entreprises et les freelances.
La GIG economy, vous connaissez?
C’est le fait d’être payé à la tâche comme un musicien pour un concert (un GIG, c’est un concert). Autrement dit la GIG economy est l’économie qui réside sur un paiement à la tache ou au « petit boulot » plutôt que par un salaire… fut-ce-t-il en interim.
Les acteurs majeurs de la GIG economy vous arrivent très vite en tête : la location par AirBnB, la location d’une place dans sa voiture sur BlaBlaCar,… Mais bien au-delà de ces sites Internet importants la GIG economy se matérialise par la montée en puissance rapide du nombre de freelances et autres indépendants à qui de plus en plus d’entreprises confient des missions qui, il y a peu, auraient été l’objet de postes en CDI, en CDD ou bien en missions d’interim. Or, il est à noter que parmi les acteurs importants cette nouvelle forme de travail on ne trouve pas, aujourd’hui, les acteurs de l’intérim.
Les acteurs de l’intérim ont une bonne raison de ne pas réagir vite : leur marché est en croissance. En forte croissance même avec un +12% en un an (septembre 2017 / septembre 2016 source Adecco) ! L’économie repart et, comme souvent, l’interim est le 1er moyen pour les entreprises d’absorber cette reprise. Tout va bien donc, pour le moment.
Mais à long terme ?
Pourquoi les entreprises risquent fort, à l’avenir, de privilégier l’intérim et freelances ?
Tout d’abord car aujourd’hui, elles les trouvent facilement, quand la chose était, il y a peu encore, compliquée. On peut citer l’émergence de portails de mise en relation comme Malt (ex HopWork)
Ensuite pour une raison de niveau de compétence. En effet, la facilité d’être assuré de disposer de compétences récentes et actualisées… sans avoir à gérer la formation des collaborateurs poussent les entreprises, pour un nombre croissant de missions, à se tourner vers des freelances. Ces derniers sont contraints d’êtres au niveau, sinon ils sont rapidement hors jeu. D’autant que les systèmes de notation des plates formes sont redoutables pour la réputation.
D’autres critères plaident souvent, mais pas systématiquement, pour le recours au freelances :
Le tarif : La concurrence est sévère et le coût d’un freelance est souvent sans comparaison avec celui d’un recrutement.
La diversité des compétences à trouver : les missions qui se succèdent ne demandent pas les mêmes compétences ce qui est impossible à gérer via des recrutements classiques et complexe à anticiper, y compris via l’interim.
La tendance de plus en plus grande pour les jeunes à privilégier la liberté du statut de freelance, du moins à une période de leur vie car les statuts ne sont plus des positions immuables et le cumul salariat et entrepreneuriat est en croissance.
Un marché qui se développe et qui répond aussi à une nécessité : travailler, même en l’absence de poste salarié (c’est le cas notamment pour les séniors). Une preuve donc du développement, en marge de l’entrepreneuriat choisi, d’une certaine précarité. On est bien dans l’économie des « petits boulots ».
La nécessité de sécuriser cette économie, du moins de limiter la précarité de certains, avec notamment un accès plus aisé à une protection sociale correcte, à un droit même limité au chômage, est enfin apparue. La chose parait en effet essentielle. D’autant que chacun sait que la part des freelances ira croissant dans les années à venir. Aux USA on s’attend, selon une étude récente à ce que les indépendants dépassent, le nombre, des salariés avant 2030 !
La contre-attaque des professionnels de l’intérim s’organise
Les acteurs du travail temporaire, comme Adecco avec YOSS, ne s’y sont pas trompé qui lancent des outils ou des démarches dans cette direction avec un objectif : Rester l’intermédiaire privilégié des entreprises dans leur achat de compétences temporaires.
Mais la cible est différente de celle des salariés. Et si la puissance dont les acteurs de l’interim disposent pour approcher les entreprises « acheteuses » n’est plus à prouver, leur agilité à convaincre et fidéliser les freelances est un enjeu plus délicat. A regarder la plate forme Yoss on s’aperçoit d’ailleurs que la paternité Adecco est absente de la page d’accueil et que le profil et le langage « startup » y sont largement cultivés.
Yoss, la plateforme freelances
L’enjeu est vital pour les géants du travail temporaire car les entreprises sont probablement amenées à faire largement croître la part des missions qu’elles confieront aux freelances demain. Elles s’y préparent dans le format même de leurs nouveaux locaux, détail qui ne trompe pas et que des spécialistes du Flex Office comme SecondDesk – Gecina ou JLL ont bien perçu. Les approches de type corpoWorking prônées par LBMG Worklabs notamment prévoient des espaces de coworking semi-ouverts, notamment aux prestataires freelances, afin de faciliter le quotidien de leurs collaborations avec les services internes de l’entreprise cliente, et ce dans ses propres locaux donc.
Co-cogitation des partenaires lors du Barcamp ZeVillage ParisA quand les espaces de coworking créés par les agences d’intérim, ou bien encore par les acteurs du portage salarial, pour favoriser la collaboration entre leurs freelances ?
Zevillage prépare un forum à Paris dédié au FutureOfWork, en mai, mois de la fête du travail, qui abordera ce sujet crucial de la révolution des statuts :
salariat, intérim, portage salarial et entrepreneuriat
quel avenir, quelles transformations ?
Bonjour merci pour cet article ! Je voulais mentionner également l’existence des Coopératives d’Activités et d’Emploi, qui facilitent la vie des travailleurs au projet. Une CAE permet la mutualisation autour de la sécurisation, le développement et l’accompagnement des activités des entrepreneurs dans la durée.
Elles existent depuis 20 ans, et sont bien réparties sur le territoire : http://www.copea.fr/
Vous avez raison de souligner le rôle des CAE. Mais notre article traite de la mutation du salariat vers le statut d’indépendant. Un challenge pour le monde de l’intérim, du portage salarial, des groupements d’employeurs… et des CAE.