Le télétravail ne rendrait pas les cadres heureux selon la Dares
La Dares, direction des études statistiques du ministère du Travail, vient de publier deux études sur « le nombre de télétravailleurs » et sur « l’impact du télétravail sur les conditions de travail des cadres » centrée sur les « télétravail leurs intensifs » (2 jours ou plus par semaine). Des résultats surprenants alors que le télétravail bénéficie d’une bonne image auprès des salariés : isolement, cadre de travail instable et conditions de travail inchangées par rapport aux non-télétravailleurs.
La Dares publie ces deux études dans le cadre du travail global de l’INSEE sur L’économie et la société à l’ère du numérique. Une première étude porte sur le nombre de télétravailleurs (des cadres à 60% qui sont 11% à télétravailler de manière régulière). Des chiffres qui évoluent mais couvrent mal une réalité mouvante.
La seconde étude porte sur les télétravailleurs intensifs, c’est-à-dire des salariés en télétravail deux jours ou plus par semaine.
Selon cette 2e étude, le télétravail bénéficie d’une bonne image auprès des salariés car il permet de réduire le temps de trajet et la fatigue associés. Mais, les résultats de l’étude sont contrastés on peut en retenir trois principaux.
Le télétravailleur intensif travaille plus et est plus isolé
Tout d’abord, les télétravailleurs travaillent plus que les autres, en moyenne 35 minutes de plus par semaine, travaillent plus en débordement, le soir le samedi. Le risque pour eux est une désynchronisation des horaires par rapport au reste de l’équipe.
Deuxième point, il font état d’un sentiment d’isolement. Ils déclarent plus souvent manquer d’aide de la part de leurs supérieurs hiérarchiques, de leurs collègues, manquer d’informations claires et précises.
Troisième point, il évolue dans un environnement professionnel plus instable ce qui peut accroître le sentiment d’insécurité économique un télétravailleur intensif sur cinq travaille dans un établissement qui a connu un plan de licenciement au cours des 12 derniers mois.
Bonne nouvelle, le télétravail aide à l’insertion des salariés en situation de handicap
C’est une des surprises de l’étude tout d’abord un télétravailleur sur dix est en situation de handicap contre 1 sur 20 parmi les non télétravailleurs. Pour eux le télétravail peut permettre une adaptation de postes.
Autre conclusion de l’étude, les cadres télétravailleurs ont deux fois plus de chances de présenter un risque dépressif sans que l’on puisse savoir s’il s’agit d’un facteur aggravant ou au contraire si le télétravail qu’une réponse à cet état dépressif.
Dernier constat, les télétravailleurs ne semblent pas bénéficier d’une meilleure conciliation vie professionnelle vie privée que les non télétravailleurs. Ils sont tout autant satisfait de leur travail que les non-télétravailleurs, ni plus, ni moins.
Au final il semblerait que les avantages du télétravail soient compensée par une moins bonne santé et des conditions de travail plus défavorables.
Des résultats à prendre avec prudence
Toutefois, faute d’une meilleure visibilité sur les conditions et la méthodologie de l’étude, il convient de rester prudent sur l’interprétation de ces résultats car ils vont à l’encontre de toutes les études publiées ces dernières années.
L’étude ne dit rien des conditions et de la culture de management des entreprises et l’ont sait d’autre part que la population de cadres visée par l’étude a tendance à travailler plus que les horaires légaux et de manière désynchronisée (soir, week-end). Et donc d’être plus exposée que les autres aux risques psycho-sociaux et à leur conséquences, télétravail ou pas.
Selon l’étude, les cadres télétravailleurs travaillent plus, 35 minutes de plus par semaine. Soit, pour 3 jours de télétravail, 11,5 minutes de plus par jour télétravaillé. On conviendra qu’on est loin des cadences infernales…
Le télétravail mal conduit, mal mis en place, mal managé, présente des risques connus d’isolement. La Dares le précise même dans un encadré de l’étude : « Le télétravail peut néanmoins favoriser l’émergence de situations à risques du point de vu psychosocial ». L’étude affirme également que le lien de causalité télétravail-dépression ne peut pas être établit.
Des résultats à prendre avec des pincettes en attendant une étude plus poussée de la Dares ou de l’INSEE.
Je suis télétravailleur « intensif » et je ne me reconnais pas du tout dans les résultats de cette étude.
Je suis toujours en contact avec mes collègues par messagerie instantanée, partage d’écran, mail et téléphone .
je n’ai aucun sentiment d »isolement et ai toutes les informations nécessaires à l’accomplissement de mon travail que ce soit de la part de mes collègues, de ma hiérarchie ou encore de mon client (que je n’ai jamais vu physiquement).
Le télétravail m’épargne 4 heures de transports quotidiens.
Comme je travaille de chez moi, je n’ai pas les inconvénients de l’open-space et suis plus efficace.
D’une manière générale je respecte des horaires normaux de travail quand je suis en télétravail. Il m’arrive encore de dépasser un peu de temps en temps mais beaucoup moins souvent qu’il y a quelques années.
Il faut savoir se tenir à une certaine discipline et tout se passe bien dans la mesure où l’on s’entend bien entre collègue et qu’on a une hiérarchie de bonne volonté.