Télétravail

Le télétravail gagne encore du terrain, selon une étude de Malakoff Médéric

Le télétravail est désormais pratiqué par 29 % des salariés du secteur privé, évalue une étude Ifop réalisée pour Le comptoir de la nouvelle entreprise Malakoff Médéric Humanis, dont les résultats sont dévoilés mercredi 20 février.

Selon cette étude, qui a sondé 1 604 salariés (dont 581 managers) et 401 dirigeants, le télétravail concerne 29 % des salariés du privé, contre 25 % en 2017.

Une augmentation qui s’explique en grande partie par la progression du télétravail contractuel, en hausse de 50 % par rapport à 2017. Est-ce un des effets de l’ordonnance Macron qui a assoupli les conditions de mise en place du télétravail dans les entreprises ? Difficile de le dire à la lecture de cette enquête, qui met davantage en avant, parmi les motivations des dirigeants dans le déploiement du télétravail, la conciliation vie privé/vie pro des salariés (56 %) ; le fait de répondre à une attente des salariés pour les fidéliser (45 %) (contre 32 % en 2017) ; et l’évolution des modes de management (34 %).

« Pour les dirigeants et les DRH, le télétravail est un levier de la transformation des modes managériaux. C’est aussi un vecteur d’amélioration du dialogue social, car le sujet fait souvent consensus dans l’entreprise. Les ordonnances sont plutôt une incitation à étendre le télétravail là où il existait déjà », illustre Anne-Sophie Godon, directrice Veille et Innovation de Malakoff Médéric Humanis.

Réduction des temps de trajet

Chez les salariés, les motivations portent très nettement sur la réduction des temps de trajet (54 %), puis sur la flexibilité dans le travail (36 %) et le fait d’être plus efficace dans son travail (36 %).

Le télétravail « gris », pratiqué de manière non contractualisée, reste majoritaire, concernant 21 % des salariés.

Le télétravailleur type vit en région parisienne (34 %), travaille dans une entreprise de plus de 1 000 salariés (49 %), dans les services (45 %), en particulier au sein de bureaux d’étude et de cabinets conseil.

Les télétravailleurs sont également des cols blancs (51 %), âgés de 35 à 49 ans (45 %), qui ont des enfants (57 %). Aussi 26 % d’entre eux sont des aidants qui ont à leur charge une personne dépendante ou malade. Le télétravail s’effectue en majorité au domicile (92 %).

Les espaces de coworking restent ainsi peu prisés des télétravailleurs (21 %), lesquels sont 35 % à utiliser des bureaux satellite mis à disposition par les entreprises. Selon les télétravailleurs interrogés, le nombre de jours idéal est de 6,7 jours par mois, un chiffre très proche de la pratique effective de 7 jours.

Satisfaction des télétravailleurs

Au final, huit télétravailleurs sur 10 se disent satisfaits ou très satisfaits de ce mode d’organisation du travail. Parmi les bénéfices identifiés chez les salariés, l’étude cite l’autonomie dans le travail (90 %), un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle (85 %), et une diminution de la fatigue (85 %).

Les dirigeants perçoivent quant à eux des bénéfices pour les salariés en termes de qualité de vie au travail (92 %), de meilleure responsabilisation dans le travail (91 %), et de plus grande autonomie des salariés (88 %). Pour l’entreprise, le télétravail permet, selon les dirigeants sondés, un engagement accru des salariés et une plus grande efficacité/productivité des équipes (79 %), ainsi qu’un gain d’image (69 %).

Points de vigilance

Salariés comme dirigeants font toutefois émerger des points de vigilance sur la pratique du télétravail. 59 % des collaborateurs citent par exemple une difficulté pour séparer les temps relevant de la vie privée et ceux relevant de la vie professionnelle, des difficultés techniques plus importantes liées surtout à la maîtrise des outils informatiques à distance (50 %), ainsi qu’une charge de travail globale plus importante (47 %).

Les représentants des employeurs évoquent des difficultés à manager des collaborateurs à distance (56 %), une complexité pour évaluer l’hygiène et la sécurité des lieux où s’effectue le télétravail (54 %) et des risques pour la santé psychologique liés à l’isolement, à la perte de lien collectif, et à la non déconnexion (46 %).

Enfin, les raisons invoquées par les dirigeants qui ne proposent pas le télétravail – alors même que leur activité est compatible – sont liées à la sécurité des outils informatiques (45 %), à la résistance des managers (31 %) et aux contraintes administratives (28 %).

Télécharger l’étude sur le télétravail (PDF, 890 ko)

 

(Article publié également par le Fil AFP Liaisons sociales – Photo Steven Zverink)

Jean-François Rio

Jean-François Rio est rédacteur en chef du Fil AFP-Liaisons Sociales chez Wolters Kluwer France. Il a participé aux négociations télétravail dans son entreprise en 2008 comme délégué syndical SNJ du groupe. Il anime également un blog sur la santé au travail et les e-RH.

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2 commentaires

  1. Bonjour,
    Autant l’exploitation des données des personnes en télétravail me paraît cohérente, autant l’échantillon du sondage me semble faux.
    Dans les entreprises qui acceptent le télétravail, alors oui, une personne sur 3 l’utilise.
    Mais un nombre très important d’entreprises de plus de 10 salariés n’acceptent pas le télétravail.
    Le résultat de 30% des salariés du secteur privé pratiquent le télétravail est un résultat impossible.

    1. Bonjour, si, cette estimation chiffrée est très plausible.
      Il y a 7 ans, nous évaluions déjà le vrai pourcentage de télétravailleurs à 17% de la population active : https://zevillage.net/teletravail/les-vrais-chiffres-du-teletravail-en-france/

      De plus, on ne parle dans l’étude Malakoff Médéric que du secteur privé. Ce qui fait encore monter le chiffre car le nombre de télétravailleurs est beaucoup plus faible dans le secteur public

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